Le doigt d’humeur du Colonel

Vol au-dessus d’un nid de coucou (Ou quand la refondation devient un sport national)

Par Régis Ollivier – Le 17 janvier2025

 

Depuis quelque temps, un mot magique semble flotter dans l’air de la sphère politique : refondation. Comme un parfum subtil, il intrigue, inspire et finit par attirer tout le monde. Mais à force de se pencher dessus, on se demande ce qu’il reste réellement dans ce flacon que certains secouent aujourd’hui frénétiquement.

La refondation, je la martèle depuis des années. Pas comme un slogan, mais comme une nécessité. Non pas un cache-misère, une énième couche de peinture sur un mur déjà fissuré, mais une reconstruction profonde des fondations, là où le béton a craqué. Une vision, un projet, un appel au sursaut. Je l’ai porté, défendu, détaillé, souvent dans le désert médiatique. Alors imaginez ma surprise quand je découvre que, soudainement, ce terme devient tendance, récupéré par ceux qui, jusque-là, se contentaient de rafistoler les meubles.

Mais que cache ce regain d’intérêt pour la refondation ? Un projet sincère ou une tentative désespérée de masquer des années, des décennies d’immobilisme ? Je laisse chacun en juger. Ce qui est certain, c’est qu’un mot ne suffit pas à faire un projet. Le risque, à vouloir trop briller, est de ne devenir qu’un feu de paille.

Je ne revendique pas l’exclusivité de ce terme – ce n’est pas une marque déposée, et encore moins une médaille. Mais je tiens à en défendre le sens, un sens que je refuse de voir dénaturé. Une vraie refondation, ce n’est pas une réunion de comités stratégiques ou une avalanche de promesses. C’est une rupture. C’est un acte de courage. C’est admettre que le système actuel, dans ses structures mêmes, est à bout de souffle.

Certains veulent aujourd’hui s’approprier ce mot. Très bien. Mais alors, qu’y mettent-ils ? Quels sacrifices sont-ils prêts à faire ? Quelle vision portent-ils, au-delà des slogans de campagne ? Les Français ne sont pas dupes. Ils savent reconnaître ceux qui œuvrent sincèrement de ceux qui cueillent les fruits du travail d’autrui.

À ceux qui se reconnaissent dans ces dernières lignes, je dis : ne bradez pas ce mot. Refonder, ce n’est pas rénover. Ce n’est pas maquiller. C’est oser déconstruire pour mieux reconstruire. C’est rompre avec le confort des demi-mesures.

Alors, oui, je surveille ce nid de coucou avec attention. Mais ne vous y trompez pas : ma refondation à moi n’est pas un feu follet. Elle est un plan, une ambition, une nécessité. Et je continuerai à la défendre, même si d’autres espèrent en tirer les marrons du feu. Parce que le plus important, ce ne sont pas les mots. Ce sont les actes.

Osons La Refondation

À vous d’en juger.

Régis Ollivier : Lieutenant-colonel (TDM-ER). 43 années de service dont 25 ans au sein de la DGSE. Géopolitique et Relations Internationales. Candidat à la présidentielle 2022. Né zèbre. Les zèbres sont des êtres d’exception.

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Il fait toujours beau au-dessus des nuages

Régis Ollivier

Lieutenant-colonel (TDM-ER). 43 années de service dont 25 ans au sein de la DGSE. Géopolitique et Relations Internationales. Candidat à la présidentielle 2022. Né zèbre. Les zèbres sont des êtres d’exception.

Illustration IA lecolonel.net

Le 08 janvier 2025

Chers amis, relations et lecteurs,

Après plus d’une décennie d’une présence active et passionnée sur le Net, je ressens aujourd’hui le besoin de tourner une page. À 72 ans, après un parcours riche en engagements, combats et projets, il est temps pour moi de lâcher prise et de m’accorder enfin le privilège du recul.

Fatigué de ce monde parfois si brutal, je choisis de me recentrer sur l’essentiel : mon épouse, ma famille, mon intérieur et mon jardin. Ces havres de paix me permettront de savourer chaque instant, de lire, d’écrire, et de cultiver cette sérénité que la vie publique a parfois mise à l’épreuve.

Je m’apprête aussi à prendre la plume pour écrire mes mémoires. Non pas par vanité, mais pour transmettre un récit de vie atypique et tumultueux à ceux que cela intéressera, et surtout à ceux qui me sont chers. C’est un projet que je porte en moi depuis longtemps, et il est désormais temps de lui donner vie.

Je me partagerai désormais entre l’Île-de-France, qui m’a vu construire tant de projets, et Deauville, ce lieu que j’adore et qui me rappelle qu’il fait toujours beau au-dessus des nuages.

À ceux qui m’ont accompagné au fil de ces années, je dis un grand merci. Merci pour votre fidélité, vos encouragements et vos échanges, qui m’ont nourri bien plus que je ne saurais l’exprimer.

Je ne ferme pas totalement la porte, mais je prends congé avec la sincérité qui me caractérise. La rigueur dans la bonne humeur, toujours.

Prenez soin de vous, et souvenez-vous qu’il y a toujours un rayon de soleil derrière les nuages.

Avec toute mon amitié,

Le Colonel vous salue bien

Régis Ollivier

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La France moribonde : l’agonie d’un pays livré aux charognards

Par Régis Ollivier – Le 04 janvier 2025

Je regarde mon pays, notre pays, et ce que je vois me révolte. Une nation autrefois fière, rayonnante, qui aujourd’hui s’effondre sous le poids de sa propre indolence. La France n’avance plus ; elle titube. Pire, elle ne gère même plus les affaires courantes, ces maigres restes qui suffisent à peine à maintenir l’illusion d’un État fonctionnel. Tout le monde le sait, tout le monde le sent : la corde va casser. Ce n’est plus qu’une question de temps.

Et pourtant, que font ceux qui nous dirigent, ceux qui nous représentent, et même nous autres citoyens ? Ils s’acharnent à gratter les ultimes miettes d’un pays à l’agonie, comme des charognards sur une bête mourante. Aucun sursaut, aucun honneur, aucune volonté de sauver ce qui pourrait encore l’être. Chacun se replie sur soi, se rassasie de ses propres intérêts, laissant la carcasse de la France à nu, à la merci des prédateurs extérieurs qui déjà s’approchent.

Mais parfois, la misère la plus criante ne se trouve même plus sous nos yeux, mais bien au-delà de l’horizon. Il suffit de regarder vers Mayotte, ce confetti de la République où la France montre son visage le plus indifférent. Une île rasée, abandonnée, où les corbeaux survolent l’ile sur le dos pour ne pas voir la misère en dessous. Là-bas, le délitement de l’État est total. La sécurité ? Une chimère. L’éducation ? Une honte. Les infrastructures ? Déjà en ruines. Et que fait la République ? Elle fait de la com à grand renfort de ministres et sous-ministres, dont Manuel Valls que l’on a extirpé de son cul-de-basse fosse, et une autre, elle aussi ex-premier ministre, totalement hilare et indigne de ses fonctions de représentation de la République ? De fait la République elle détourne les yeux. Mais Mayotte, c’est la France. Une France oubliée, une France méprisée, mais une France tout de même. Et pourtant, qui s’en soucie ? Pas ceux qui arrachent les derniers morceaux, trop occupés à s’entre-déchirer pour voir ce bout de territoire sombrer corps et âme. J’en entends qui osent évoquer « le trou du cul de la France » parlant de Mayotte.

Je ne peux m’empêcher d’être envahi par une colère sourde, une colère froide. Comment en sommes-nous arrivés là ? Où est passé cet esprit de grandeur, ce sens du collectif, cette capacité à se relever des pires abîmes ? Nous avons connu des tempêtes bien plus terribles dans notre histoire, mais cette fois, c’est différent. Cette fois, nous ne sommes plus unis, plus animés par cette flamme sacrée qui fait d’une nation un peuple.

Il ne s’agit pas seulement des élites, bien qu’elles portent une lourde responsabilité. Nous aussi, citoyens, avons cédé à la facilité, à l’indifférence, à ce fatalisme pernicieux qui nous fait accepter l’inacceptable. À force de détourner le regard, de nombrilisme, de tout relativiser, nous sommes devenus complices de cet effondrement.

Mais je refuse de m’y résoudre. Je refuse d’assister passivement à ce spectacle macabre. Je ne veux pas que la France devienne ce champ de ruines où seuls les vautours prospèrent. Il est encore temps d’agir. De nous redresser. De refonder. Pas de “renaissance”, pas de “renouveau” : ces mots sont creux, galvaudés, usés jusqu’à la corde. Non, il nous faut oser la refondation. Casser les vieux schémas, abandonner les illusions, reconstruire à partir de ce que nous sommes, et non plus de ce que nous prétendons être. Car actuellement, nous ne sommes que l’ombre de nous-mêmes.

Mais pour cela, il faut du courage. Celui de regarder la vérité en face, si douloureuse soit-elle. Celui de renoncer à nos petits conforts, de croissance effrénée, pour viser plus haut, plus loin. Celui de croire encore, envers et contre tout, qu’un avenir est possible.

À vous qui lisez ces lignes, je pose cette question : serez-vous de ceux qui continuent à picorer les restes ? Ou de ceux qui se lèveront pour sauver ce qui peut encore l’être ?

La France est à genoux. Mais elle peut se relever. Si nous le voulons. Si nous l’osons.

Alors je suis tenté de dire « Osons bordel. Osons! »

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