Rwanda : « On nous a demandé de livrer des armes aux génocidaires dans les camps de réfugiés », affirme un ancien officier de l’armée française

29 juin 2017 Non Par Régis Ollivier
France Info – Radio France, le

Je rappelle quand même que les militaires obéissent aux ordres données. //RO

Le 01 juillet 2017 : Guillaume Ancel, avec qui je suis en relation épistolaire depuis plusieurs mois me prie de bien vouloir insérer ce commentaire concernant ses propos sur les livraisons d’armes aux rebelles. Je cite : 
 
« Je voulais (te)préciser, concernant mon témoignage sur la livraison d’armes, que certains titres d’articles ont déformé mes propos :
Je n’ai pas déclaré que mes supérieurs m’avaient donné l’ordre de livrer des armes, mais que nous (militaires) nous avions reçu l’ordre de le faire.« 
 
Ce message sera également inséré dans l’article concerné publié sur le blog Le Colonel

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Un ancien officier de l’armée de terre affirme, jeudi, sur franceinfo, que ses supérieurs lui ont clairement demandé de « livrer des armes aux génocidaires dans les camps de réfugiés ».

Alors que l’association Survie a déposé, récemment, à Paris, une plainte contre des responsables politiques et militaires français pour « complicité de génocide et complicité de crimes contre l’humanité », lors du génocide au Rwanda, en 1994 , Guillaume Ancel, ancien officier de l’armée de terre, qui a pris part à l’opération Turquoise au Rwanda, affirme, ce jeudi, sur franceinfo, que ses supérieurs lui ont clairement demandé de « livrer des armes aux génocidaires dans les camps de réfugiés. »

franceinfo : Que vous inspire cette plainte contre les responsables politiques et militaires français de l’époque ?

Guillaume Ancel : Force est de constater que, 23 ans après le génocide des Tutsis au Rwanda, nous ne connaissons toujours pas le rôle que la France a joué, et je pense qu’il serait grand temps qu’on arrête de raconter aux Français ce qu’ils doivent en penser et qu’on leur permette de juger par eux-mêmes. C’est-à-dire d’ouvrir les archives, de faire la lumière sur ce qu’il s’est passé, et d’arrêter d’être dans ce déni permanent d’une réalité à laquelle, moi, j’ai assisté.

Je ne vais prendre qu’un exemple : j’étais officier détaché dans une unité de la Légion étrangère, quand nous sommes partis dans cette opération humanitaire. La première partie de l’opération était clairement destinée à remettre au pouvoir le gouvernement génocidaire. On pourrait dire que l’on n’en avait pas parfaitement conscience, alors, qu’en réalité, la DGSE avait largement informé le gouvernement de l’époque. Dans la deuxième partie, quand on a enfin renoncé à remettre au pouvoir ce gouvernement génocidaire, on a juste protégé sa fuite en créant une zone humanitaire.

Non seulement les génocidaires ont pu tranquillement aller se réfugier au Zaïre [aujourd’hui République démocratique du Congo] mais, en plus, on les a laissés organiser l’exode de leur population, qui a quand même dû faire 100 000 morts supplémentaires. Et puis, c’est l’épisode, à mon avis, le plus indéfendable parce que ce n’est pas un sujet de confusion ou de manque de clairvoyance, c’est pour moi, un sujet de complicité de génocide : on nous a demandés de livrer des armes aux génocidaires dans les camps de réfugiés. Moi j’ai assisté à une de ces livraisons, c’était la deuxième quinzaine de juillet 1994 : je revenais d’une opération d’extraction qui s’était mal passée. Quand j’arrive sur la base, le commandant adjoint du détachement me demande de détourner l’attention des journalistes parce que, je le cite, « un convoi d’armes va partir vers le Zaïre ».

 

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