Politique

Dominique de Villepin se rêve en de Gaulle… Et si on laissait enfin le général dormir en paix ?

Régis Ollivier – Le 21 mars 2025

Décidément, le général de Gaulle est devenu l’argument facile de ceux qui, en panne d’inspiration ou de stature, cherchent désespérément à crédibiliser leur posture politique. On le sort du « placard » à chaque campagne, à chaque discours, à chaque élection. Un soupçon de gaullisme par-ci, une pincée de résistance par-là. On saupoudre, on assaisonne, on arrange à toutes les sauces.

Dernier en date à s’auto-proclamer héritier du général : Dominique de Villepin. Rien que ça ! Qu’un homme aussi raffiné dans l’art oratoire s’égare à rêver tout haut d’être le nouveau de Gaulle prête à sourire, ou à pleurer, c’est selon. Soyons sérieux : il ne suffit pas d’avoir un costume sombre, quelques envolées lyriques et de brandir une France libre en carton-pâte pour incarner la grandeur d’un homme qui, lui, avait su taire ses ambitions personnelles au profit du pays.

Comme l’a si justement souligné un jeune de la génération 1982 dans l’un de mes récents échanges, je cite « il est pour le moins désolant que des figures politiques du XXIᵉ siècle s’accrochent encore au mythe d’un homme disparu depuis plus de cinquante ans. Surtout dans un monde qui file à 1000 km/h, où tout change, où de nouvelles figures devraient émerger pour porter l’étendard national. » Fin de citation

Car que révèle vraiment cette manie maladive de se réclamer du général ? Un vide sidéral. Un aveu d’impuissance. Une incapacité à proposer un projet neuf, audacieux, enraciné dans les réalités d’aujourd’hui. Ce réflexe révèle surtout une France qui n’a, depuis de Gaulle, trouvé personne capable d’incarner avec sincérité, force et abnégation l’âme du pays.

À 72 ans, je le dis avec d’autant plus de lucidité : je pèse toujours mes mots lorsque je fais référence au général. J’ai trop vu son nom galvaudé, récupéré, tordu, utilisé à contre-emploi. Il est temps, grand temps, qu’on le laisse reposer en paix. Le général n’a pas besoin qu’on parle pour lui. Ce qu’il avait à dire, il l’a dit, avec une clarté et une fermeté que bien peu peuvent prétendre égaler.

Le respect dû aux grands hommes passe aussi par le silence.

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