Défense

Regard sur le monde : les lignes de front se dessinent : de la gesticulation à l’engrenage ?

Régis Ollivier – Le 2 septembre 2025

Illustration lecolonel.net

1. Ursula von der Leyen en chef de guerre

En trois jours, Ursula von der Leyen a visité sept pays frontaliers de la Russie. Elle a foulé des « zones de front » et inspecté des usines d’armement. Elle annonce désormais le déploiement de “dizaines de milliers de soldats sous commandement européen” en Ukraine.

Ce n’est plus un soutien discret : c’est un engagement assumé.
Même son Falcon a été la cible d’un brouillage GPS massif — signe que Moscou surveille et répond déjà.

2. L’Europe prépare une guerre longue

Les signaux s’accumulent :

  • Un plan hospitalier prévoit l’accueil de 100 000 soldats blessés.
  • Bruxelles impose un examen bisannuel des budgets militaires.
  • Le discours sur « l’économie de guerre » s’impose partout.

Tout cela ressemble à une mise en condition psychologique et matérielle des peuples européens pour une guerre de haute intensité.

3. Le bloc eurasiatique resserre les rangs

À Tianjin, l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS) a rassemblé la Chine, la Russie, et l’Iran. Elle a également réuni la Turquie, l’Inde, et le Pakistan. Ils ont été rejoints par la Corée du Nord. C’est un bloc hétéroclite, certes. Cependant, il représente près de la moitié de la population mondiale et 23,5 % du PIB planétaire.

  • Xi Jinping et Vladimir Poutine dénoncent l’Occident.
  • L’Iran reçoit le soutien de Moscou et Pékin.
  • Erdogan joue l’équilibriste.
  • Kim Jong Un apporte son arsenal nucléaire et ses livraisons d’armes.

Un arc de contestation anti-occidentale se dessine.

4. La diplomatie aux abonnés absents

Jadis, il y avait des amortisseurs diplomatiques : le téléphone rouge, les ambassadeurs de poids, les canaux secrets entre services. Aujourd’hui, ce sont les chefs d’État eux-mêmes qui s’approprient et gèrent la crise, devant les caméras. Ces attitudes suppriment les marges de manœuvre et augmentent le risque de réaction à chaud.

Espérons qu’il reste encore quelques canaux parallèles confidentiels, hors de la lumière, pour éviter le pire.

5. Signaux forts et engrenage

  • Déploiement militaire annoncé.
  • Préparation hospitalière massive.
  • Brouillage électronique visant les dirigeants.
  • Défilés militaires sino-russes avec Kim Jong Un.
  • Silence médiatique français.

Nous sommes dans une phase de pré-guerre.

6. Et Trump dans tout ça ?

Trump est le facteur X.

  • Il compte les points : combien l’Europe s’épuise, combien la Russie résiste, combien la Chine avance.
  • Il compte les dollars : contrats d’armement, gaz liquéfié américain, suprématie du dollar renforcée.
  • Contrairement à Biden, il pourrait laisser l’Europe s’embourber… avant de revenir encaisser les dividendes.

Un marchandage cynique avec Moscou et Pékin n’est pas à exclure.

Conclusion

La menace de guerre est réelle, aujourd’hui plus qu’hier et moins que demain.
Les dirigeants fabriquent l’engrenage qu’ils prétendent redouter.

1914 : Sarajevo, et l’Europe s’embrase.
1939 : la Pologne, et le monde s’embrase.
2025 : gesticulations, brouillages, déploiements…
L’Histoire repasserait-elle les plats ?

Texte structuré par Koïos, mon assistant en IA

#Guerre #Europe #Ukraine #Russie #Chine #OTAN #OCS #Géopolitique #Sécurité #Défense

Diplomatie

Krasnodar à Alger : la Russie s’ancre au sud de l’Europe

Régis Ollivier – Le 22 avril 2025

Illustration lecolonel.net

Selon « Algérie 360 », cette escale, bien que brève, s’inscrit dans une dynamique plus large de rapprochement stratégique entre Alger et Moscou, notamment dans les domaines de la défense, de la formation militaire et de la sécurité en Méditerranée. Elle vient confirmer l’importance croissante accordée par les deux capitales à la stabilité maritime et à la coopération multilatérale dans un contexte international en constante évolution.

Analyse :

Le 20 avril 2025, un sous-marin russe de classe Kilo, le « Krasnodar », accoste officiellement au port d’Alger, accompagné d’un navire militaire de surface. Une escale annoncée jusqu’au 24 avril, dans le cadre d’une visite qualifiée de « courtoisie ». Mais à y regarder de plus près, ce mouvement naval s’inscrit dans une dynamique beaucoup plus stratégique.  

Car ce n’est pas un simple bâtiment logistique qui mouille à Alger, mais « un outil de projection navale, discret et offensif, équipé notamment de missiles Kalibr. Ce type d’unité n’est jamais déployé sans raison dans une région aussi sensible. Et certainement pas en toute transparence médiatique si l’objectif est uniquement diplomatique.

L’Algérie dans l’orbite de Moscou

Depuis plusieurs années, l’Algérie a consolidé ses liens militaires et politiques avec la Russie :
– 80 % de ses équipements sont d’origine russe.
– Les échanges de formations et d’expertises se multiplient.
– Le régime d’Alger s’est refusé à condamner l’agression russe contre l’Ukraine, affichant une neutralité bienveillante envers Moscou.

Ce partenariat, longtemps discret, devient aujourd’hui visible, assumé, démonstratif. Cette escale navale est un jalon : une validation publique d’un ancrage géopolitique. Il ne s’agit plus d’un client fidèle, mais d’un partenaire stratégique. La Méditerranée occidentale devient ainsi un nouveau théâtre d’influence russe, au seuil même du continent européen.

Un sous-marin n’est jamais un hasard

Le Krasnodar, navire furtif et silencieux, n’est pas conçu pour des parades amicales. Il est taillé pour les missions de surveillance, de frappe, de présence dissuasive. L’accueillir à Alger, c’est :
– Offrir à la Russie une capacité de projection navale avancée, à moins de 1 000 kilomètres de nos côtes.
– Donner à Moscou une base potentielle de repli ou de ravitaillement en Méditerranée occidentale.
– Envoyer un signal clair à l’Europe : le sud n’est plus un vide stratégique.

Un silence européen préoccupant

Tandis que l’attention occidentale reste absorbée par la frontière orientale de l’Europe, le flanc sud se laisse coloniser idéologiquement, militairement, politiquement. Les capitales européennes semblent incapables de voir la Méditerranée comme un espace stratégique global.  

L’Algérie devient pourtant, sous nos yeux, un partenaire central d’une puissance rivale. Elle s’affirme, au passage, comme le contrepoids du Maroc et un levier de pression régional, que Moscou saura exploiter.

Sortir de la torpeur ?

Faut-il rappeler qu’en géopolitique, il n’y a pas de vide durable ? Si l’Europe détourne les yeux, d’autres regardent, avancent, s’installent. Ce sous-marin à Alger est un symbole lourd de sens. Il appelle, à tout le moins, une prise de conscience.

Notre diplomatie continuera-t-elle à feindre la neutralité bienveillante, ou envisage-t-elle enfin de sortir de sa léthargie stratégique ? Je rappelle que dans le « jeu » actuelle États-Unis – Iran, la France est totalement absente des discussions en cours. La France serait « très favorable aux discussions menées par les États-Unis avec l’Iran, mais reste vigilante », a annoncé lundi à Luxembourg le ministre français des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot. Silence stratégique ou aveuglement volontaire ?

Lire aussi https://www.algerie360.com/le-port-dalger-accueille-un-sous-marin-et-un-navire-militaire-russes/

Lire aussi https://www.linkedin.com/posts/baki-maneche-b32a7372_silence-strat%C3%A9gique-ou-aveuglement-activity-7320441217702359041-YiXg

#Coopérationmilitaire

Géopolitique

Trump ou Poutine : l’expansionnisme à géométrie variable

Régis Ollivier – Le 25 mars 2025

Illustration chatgpt pour lecolonel.net

La volonté expansionniste de Trump est-elle plus acceptable que la volonté expansionniste de Poutine ?

Cette question dérange. Parce qu’elle renvoie dos à dos deux visions du monde que l’on voudrait opposer, alors qu’elles ont bien plus en commun qu’on ne l’admet.

Dans une récente déclaration rapportée par Les Échos, le nouveau Premier ministre canadien, Mark Carney, annonce des élections anticipées, affirmant que le pays fait face à « la crise la plus importante de son existence ». En cause : des menaces directes proférées par Donald Trump à l’encontre du Canada. Rien que ça.

L’ancien président américain, de retour sur la scène politique, semble décidé à imposer sa vision d’un monde où la puissance américaine ne se discute pas. Le Canada, pourtant allié historique, se retrouve soudainement dans la ligne de mire. Comme un rappel brutal que dans le monde de Trump, les amis d’hier peuvent devenir les vassaux de demain.

Cette posture agressive, expansionniste, dominatrice, n’est pas sans rappeler celle de Vladimir Poutine. Pourtant, les réactions sont très différentes.

Quand Poutine agit, l’Occident crie à la barbarie. Quand Trump menace, l’Occident regarde ailleurs – ou s’accommode, au nom d’une alliance atlantique devenue un dogme plus qu’un outil.

Le deux poids deux mesures est flagrant.

Oui, la Russie avance ses pions. Mais les États-Unis aussi. L’un par les armes, l’autre par la pression diplomatique, militaire, économique et technologique. L’un comme l’autre défendent une vision du monde qui leur est propre, avec cette même volonté : soumettre, étendre, contrôler.

Alors, posons la question franchement : l’expansionnisme américain serait-il plus moral que celui de la Russie ? Ou n’est-ce qu’une affaire d’image soigneusement entretenue par nos chancelleries et nos médias ?

La vraie question, peut-être, est celle de notre propre autonomie stratégique. Devons-nous continuer à choisir entre deux empires… ou oser enfin nous affranchir de leur emprise ?

#EtatsUnis #Russie #Canada #Expansionnisme