Budget

Après le travail, la tonte. Et après la tonte, la piqûre.

Régis Ollivier – Le 17 avril 2025

Illustration lecolonel.net


On y est.
Les masques tombent, les gants aussi, et dans cette société qui a troqué l’honneur pour l’équilibre comptable, on commence à cibler ce qui reste de solide :
Ceux qui ont bossé. Ceux qui ont tenu. Ceux qui ont fait “comme il faut.” Nouvelle idée brillante sortie des caves de Bercy :
Rembourser les soins médicaux en fonction des revenus.

Traduction :
Si tu as été prévoyant, organisé, travailleur, économe, et que tu n’as pas passé ta vie à tendre la main… alors tu seras puni. Tu paieras plus pour les mêmes soins. On appelle ça “justice sociale.” Moi j’appelle ça le hold-up post-mérité.

Dans le même souffle, on annonce aussi qu’on veut supprimer la niche fiscale des 10 % pour les retraités. Cette niche ? C’est un symbole.
Le symbole que le pays reconnaît, un tout petit peu, que la retraite n’est pas un cadeau mais une dette morale. Mais aujourd’hui, cette dette, l’État ne veut plus l’assumer. Il préfère ponctionner ceux qui n’ont plus la force de se battre , fiscalement, puis biologiquement.

Et pour bien compléter le tableau, on glisse tranquillement dans le débat public l’idée d’euthanasie “digne”, douce, consentie, fluide.
Le mot est joli. Le fond l’est moins. Parce que quand tu grattes un peu le vernis compassionnel, tu vois vite ce qu’on prépare : Une sortie propre pour ceux qui commencent à coûter. Moins de soins, plus de pression, et un chemin tout tracé vers la sortie. Sans bruit. Sans débat. Trop vieux ? Trop coûteux ? Trop inutile ?

On ne parle plus de solidarité. On parle de tri. On ne parle plus de respect. On parle de rentabilité.
Et tout ça se passe au pays qui prétend défendre les “valeurs humaines” contre les dérives technologiques. Quelle blague.

J’ai un message pour ceux qui écoutent encore :

Si vous laissez faire ça, si vous continuez à vous taire en espérant qu’on vous oubliera, si vous pensez que vous êtes “du bon côté” de la réforme parce que vous avez encore un peu d’air dans les poumons et un chéquier en main… alors vous avez déjà perdu.

Et quand on viendra vous dire, plus tard :
“C’est votre tour, mais rassurez-vous… ce sera rapide, indolore, encadré” —
vous vous souviendrez peut-être de ce billet.

Le Colonel vous salue bien.

Politique

Les Fulgurances du Colonel – Santé ciblée, fiscalité punitive, respect aux abonnés absents.

Régis Ollivier – Le 17 avril 2025

Illustration lecolonel.net

Ils veulent rembourser les soins en fonction des revenus. Traduction : “Tu as travaillé dur, donc tu paieras plus que celui qui n’a rien foutu.” Ils veulent supprimer la niche fiscale des 10 % accordée aux retraités. Traduction : “Merci pour votre vie de labeur, on va vous ponctionner jusqu’à l’os avant de vous proposer l’euthanasie comme solution de confort.” Ils veulent euthanasier les corps après avoir euthanasié les droits. Et pendant ce temps, ils appellent ça “justice sociale”. C’est pas de la solidarité. C’est du pillage organisé.

Réseaux sociaux

LinkedIn et l’IA : une pensée critique en danger

Régis Ollivier – Le 16 avril 2025

Vu passer sur LinkedIn, sans filtre ni nuance : “L’IA est le caniveau du web. Les nuls ont pris le pouvoir. L’IA est faite pour eux ! CQFD.” Ah, LinkedIn… Ce réseau dit professionnel où chacun devient tour à tour sociologue, économiste, ou expert en intelligence artificielle. Dernière tendance : taper sur l’IA à grands coups de formules creuses pour masquer son propre désarroi face au changement.

1. Oui, l’IA a une approche statistique. Et alors ?
Elle synthétise, structure, reformule. Ce n’est pas “la réponse la plus facile”, c’est la plus probable selon le contexte. Encore faut-il savoir poser une bonne question — un art oublié par ceux qui confondent vitesse et précipitation.

2. L’IA ne remplace pas le jugement humain.
Dire qu’elle “se trompe dans 90 % des cas” est aussi absurde que d’affirmer qu’un livre est faux parce que le lecteur n’y comprend rien. L’IA propose, c’est à l’humain de discerner. Le problème, ce n’est pas l’outil, c’est son usage.

3. “Les nuls ont pris le pouvoir” ? Voilà qui suinte le mépris.
Ce genre de phrase trahit une peur panique : celle d’être dépassé, d’avoir raté le virage, d’être remplacé… non par une machine, mais par ceux qui savent s’en servir.

4. L’IA dans l’administration ? Bonne nouvelle, à condition de l’encadrer.
Loin des fantasmes, elle peut alléger les tâches répétitives, accélérer le traitement de dossiers, améliorer l’accès à l’information. Non, ce ne sera pas magique. Mais non, ce ne sera pas un désastre. Ce sera un outil. Ni plus, ni moins.

Alors non, l’IA n’est pas le caniveau du web.
Mais LinkedIn, lui, devient parfois le caniveau de la pensée critique.

À force de simplifier à outrance, on ne fait pas œuvre de pédagogie : on participe à l’effondrement intellectuel qu’on prétend dénoncer.

Et ça, c’est autrement plus inquiétant.