Armées

Union européenne : entre le marteau russe et l’enclume ultraconservatrice… l’heure des choix

Régis Ollivier – Le 22 mars 2025

On braque nos regards vers l’Est, obnubilés par les bruits de bottes russes. On gonfle les budgets militaires, on aligne chars et Rafale, persuadés que le danger est là, frontal, palpable. Mais pendant que l’Europe se blinde, un autre front s’ouvre discrètement, bien plus insidieux : celui des idées. Derrière les sourires policés des think tanks américains et des groupes ultraconservateurs européens, se trame un projet précis, méthodique, visant à dépecer l’Union européenne de l’intérieur. Virginie Raisson-Victor lève le voile sur cette manœuvre. Le Colonel salue l’analyse et pousse la réflexion : il est temps que l’Europe réarme aussi ses valeurs, sous peine de se retrouver sans défense là où ça compte le plus.

Résumé du texte de Virginie Raisson-Victor :

Trois ans après l’invasion de l’Ukraine, l’Europe prend enfin conscience de la menace que représente la volonté de Vladimir Poutine de restaurer l’empire russe. Dans le même temps, les positions de Donald Trump fragilisent les alliances transatlantiques, poussant l’UE à envisager une défense plus autonome. Tandis que les investissements dans l’industrie de l’armement s’accélèrent, Virginie Raisson-Victor alerte sur une autre menace : celle d’un projet coordonné visant à fragmenter l’Europe de l’intérieur.

Au cœur de cette menace, la Heritage Foundation, influent think tank conservateur américain, porte un projet (le « Projet 2025 ») soutenant un retour à des nations souveraines, affaiblissant les institutions supranationales européennes. En mars, lors d’une réunion avec des groupes d’extrême droite européenne comme Ordo Iuris, les grandes lignes d’une stratégie déstabilisatrice auraient été définies : soutien aux partis populistes, contrôle des médias, lobbying agressif sur les questions migratoires, énergétiques et de souveraineté.

L’auteur appelle à ne pas se limiter à un réarmement militaire, mais à construire un véritable projet de civilisation européen, fondé sur les valeurs démocratiques, l’État de droit, le pluralisme et les libertés fondamentales, valeurs que ce courant ultraconservateur considère comme des concepts « banals et nébuleux ».

https://www.linkedin.com/in/virginie-raisson-victor-87064a32/

Politique

Dominique de Villepin se rêve en de Gaulle… Et si on laissait enfin le général dormir en paix ?

Régis Ollivier – Le 21 mars 2025

Décidément, le général de Gaulle est devenu l’argument facile de ceux qui, en panne d’inspiration ou de stature, cherchent désespérément à crédibiliser leur posture politique. On le sort du « placard » à chaque campagne, à chaque discours, à chaque élection. Un soupçon de gaullisme par-ci, une pincée de résistance par-là. On saupoudre, on assaisonne, on arrange à toutes les sauces.

Dernier en date à s’auto-proclamer héritier du général : Dominique de Villepin. Rien que ça ! Qu’un homme aussi raffiné dans l’art oratoire s’égare à rêver tout haut d’être le nouveau de Gaulle prête à sourire, ou à pleurer, c’est selon. Soyons sérieux : il ne suffit pas d’avoir un costume sombre, quelques envolées lyriques et de brandir une France libre en carton-pâte pour incarner la grandeur d’un homme qui, lui, avait su taire ses ambitions personnelles au profit du pays.

Comme l’a si justement souligné un jeune de la génération 1982 dans l’un de mes récents échanges, je cite « il est pour le moins désolant que des figures politiques du XXIᵉ siècle s’accrochent encore au mythe d’un homme disparu depuis plus de cinquante ans. Surtout dans un monde qui file à 1000 km/h, où tout change, où de nouvelles figures devraient émerger pour porter l’étendard national. » Fin de citation

Car que révèle vraiment cette manie maladive de se réclamer du général ? Un vide sidéral. Un aveu d’impuissance. Une incapacité à proposer un projet neuf, audacieux, enraciné dans les réalités d’aujourd’hui. Ce réflexe révèle surtout une France qui n’a, depuis de Gaulle, trouvé personne capable d’incarner avec sincérité, force et abnégation l’âme du pays.

À 72 ans, je le dis avec d’autant plus de lucidité : je pèse toujours mes mots lorsque je fais référence au général. J’ai trop vu son nom galvaudé, récupéré, tordu, utilisé à contre-emploi. Il est temps, grand temps, qu’on le laisse reposer en paix. Le général n’a pas besoin qu’on parle pour lui. Ce qu’il avait à dire, il l’a dit, avec une clarté et une fermeté que bien peu peuvent prétendre égaler.

Le respect dû aux grands hommes passe aussi par le silence.

#DominiqueDeVillepin #GénéralDeGaulle #Politique

Retrouvez ce texte et de nombreux autres en version non lissée sur le blog lecolonel.net

Société

Né en septembre : un portrait qui lui colle à la peau. Mode d’emploi du Colonel

Régis Ollivier – Le 19 mars 2025

Instagram

On dit des natifs de septembre qu’ils sont des perfectionnistes et des bâtisseurs. À ceux qui me connaissent, inutile de confirmer : c’est inscrit dans mon ADN. Nous avons cette manie — non, cette exigence — de vouloir que tout tourne rond. Pas par obsession, mais par pragmatisme. Quand la structure est solide, le reste suit.

Créer de l’ordre dans le chaos ambiant, voilà ce qui nous anime. Apporter des solutions, faire face aux imprévus sans jamais trembler, quitte à y laisser quelques plumes. La minutie est notre seconde nature, l’anticipation notre réflexe premier.

Mais voilà, ce besoin de tout contrôler a son revers. À force de vouloir que chaque pièce du puzzle soit parfaitement ajustée, on en oublie parfois de lever les yeux, de savourer les imprévus. La perfection est un idéal, pas une nécessité.

Le vrai défi des natifs de septembre ? Apprendre à lâcher prise. Accepter que l’imperfection n’est pas un échec mais une respiration. Il faut savoir desserrer les boulons et accueillir l’inattendu avec philosophie. C’est ainsi que l’on avance sans se scléroser.

On dit que notre pierre naturelle est le cristal de roche. Transparent, solide, sans fioritures… Une belle métaphore. Après tout, dans un monde opaque, mieux vaut avancer avec clarté et droiture.

Et toujours, la rigueur dans la bonne humeur.

Régis Ollivier
« Un autre regard sur le monde »

Laïcité

Newsletter « Les Fulgurances du Colonel » – Liberté, égalité… et accommodements déraisonnables

Régis Ollivier – Le 18 mars 2024

 

 

Laïcité à géométrie variable 

 

Après les prières dans la rue, voici les pauses Ramadan sur le terrain.

Une République à genoux pour ne pas froisser.

Jusqu’où irons-nous courber l’échine ?

 

 

#Laïcité #République #ValeursRépublicaines #LibertéÉgalitéFraternité #France #VivreEnsemble

 

Avion de chasse Dassault Rafale en vol sous un ciel dégagé, avec un drapeau français flottant en arrière-plan, symbolisant l’autonomie stratégique de la France.
Défense

Rafale face aux F_35 et le SAMP/T face aux Patriots. Analyse d’une stratégie risquée pour la France et l’Europe.

Régis Ollivier – Le 17 mars 2025

Avion de chasse Dassault Rafale en vol sous un ciel dégagé, avec un drapeau français flottant en arrière-plan, symbolisant l’autonomie stratégique de la France.
Le Rafale, fleuron de l’industrie de défense française, au cœur des ambitions d’autonomie stratégique prônées par Emmanuel Macron. IA

Macron propose les Rafale face aux F_35 et le SAMP/T face aux Patriots

Il y a des déclarations qui, sous des allures anodines, en disent long sur la trajectoire d’un homme. Ainsi, Emmanuel Macron a affirmé que les pays qui achètent des systèmes Patriot américains devraient plutôt envisager le système franco-italien SAMP/T, et que ceux qui lorgnent sur les F-35 américains feraient bien de considérer le Rafale.

À première vue, on pourrait y voir une simple opération commerciale, un coup de pouce bienvenu à la base industrielle et technologique de défense française. Mais ce serait une lecture naïve. Ce genre de propos cache une posture plus large, plus inquiétante même : celle d’un président obsédé par l’idée d’imposer sa vision, quoi qu’il en coûte, au détriment des équilibres stratégiques patiemment construits depuis des décennies.

Le syndrome du chef d’orchestre sans orchestre

Depuis le départ d’Angela Merkel, Emmanuel Macron s’imagine chef d’une Europe qu’il serait le seul à pouvoir incarner. Dans son esprit, il faut rompre la dépendance atlantiste, réorienter l’Europe vers une autonomie stratégique… et, bien sûr, placer la France au centre de ce dispositif. Quitte à froisser, bousculer, imposer.

Proposer aux alliés européens de délaisser les F-35 ou les Patriots, c’est oublier une réalité incontournable : beaucoup de ces pays ont intégré depuis longtemps leurs armées dans l’écosystème américain via l’OTAN. Leur demander de tout casser pour acheter du matériel français revient à vouloir changer les règles du jeu à mi-partie. Sans consensus, sans concertation.

Un chef d’orchestre sans orchestre reste un homme seul.

Le calcul économique masqué

Derrière cette posture, il y a aussi une évidence économique. Le Rafale, fleuron technologique, est une formidable vitrine du savoir-faire français. Chaque contrat se chiffre en milliards. Chaque avion vendu entraîne maintenance, formation, munitions, partenariats durables. Macron sait qu’en vendant du Rafale, il vend aussi une sphère d’influence, un lien d’allégeance discret mais solide.

Mais à force de penser court-termisme économique, on oublie la géopolitique de long terme : les États-Unis n’abandonneront pas leur position dominante sans réagir. Et les partenaires européens n’apprécient guère qu’on leur torde le bras sous couvert de patriotisme industriel.

L’homme qui veut laisser sa trace

Ce qui m’inquiète dans cette déclaration, c’est ce qu’elle révèle d’un tempérament. Macron est prêt à tout pour apparaître comme l’homme providentiel, celui qui aura redressé l’Europe, relancé la puissance française, inscrit son nom dans les livres d’histoire. Quitte à forcer le destin, quitte à bousculer l’ordre établi. Quitte, peut-être, à commettre l’irréparable.

Un homme qui n’écoute plus, qui impose, qui mise sans filet, finit toujours par entraîner les autres dans sa chute.

Une Europe fracturée, des alliances fragilisées

Les alliés européens voient déjà d’un œil sceptique les leçons de morale venues de Paris. Les pays d’Europe centrale, notamment, n’apprécient guère cette arrogance bien française. Les États-Unis, eux, observeront attentivement : ils ne laisseront personne remettre en cause leur hégémonie sans coup férir.

Macron joue un jeu dangereux. À force de vouloir tout recentrer autour de lui, il risque d’isoler la France, d’agacer ses partenaires, et de nous entraîner dans une spirale où le « quoi qu’il en coûte » pourrait finir par coûter… très cher.

Mots clés : Rafale, F-35, Macron, autonomie stratégique, défense européenne, SAMP/T, Patriot, géopolitique, industrie de défense, OTAN, France, Europe