Budget

 Quand l’exécutif tire à hue et à dia sur les retraités, ça donne ceci.

Régis Ollivier – Le 27 juillet 2025

Illustration lecolonel.net

Il fut un temps – pas si lointain – où l’on saluait le travail d’une vie.
Où l’on respectait l’homme ou la femme usé(e) par les années de service, qui prenait enfin un repos bien mérité.

Ce temps est révolu.

Bienvenue dans la France de 2025, celle où le retraité est devenu l’ennemi intérieur.
Le bouc émissaire parfait.
Trop vieux pour être productif, trop nombreux pour rester ignorés, trop coûteux pour les technocrates comptables de Bercy.
Et surtout… trop vivants.

On le traque.
On le tond.
On l’isole.
On l’asphyxie fiscalement.
Et demain – qui sait ? – on l’accompagnera « en douceur » vers la sortie, sous prétexte de dignité.

On appelle ça le suicide assisté, mais c’est déjà presque une euthanasie budgétaire.

Vache à lait, poule aux œufs d’or… puis cible mouvante

Le retraité cumule tous les torts.
Il a cotisé. Il a économisé. Il a parfois hérité d’un petit patrimoine.
Il a eu le malheur de ne pas crever avant 75 ans.
Et surtout – comble de l’insolence – il vote encore.

Mais plus pour longtemps.

Derrière le masque froid de la réforme fiscale, c’est une mécanique d’écrasement qui s’installe.
Sous couvert de « justice sociale », on supprime l’abattement de 10 % sur les pensions.
On le remplace par une déduction fixe de 2 000 €.

Résultat ?
Des centaines de milliers de retraités verront leur impôt bondir, discrètement. En catimini.

Prenons M. Martin, retraité de la classe moyenne avec 3 000 € de pension mensuelle.
Son impôt grimpera de 16,6 %, d’un trait de plume, pour une simple ligne modifiée dans la déclaration.

Et ce n’est qu’un début.

Le retraité : variable d’ajustement budgétaire

Il faut bien combler les trous béants laissés par l’incurie gouvernementale, l’immigration incontrôlée, l’État-providence à crédit, et l’insatiable boulimie fiscale d’un pays en pleine décadence.

Les jeunes sont déjà à l’agonie.
Les classes moyennes sont laminées.
Il ne reste plus qu’eux : les vieux.

Les vieux cons.
Les boomers, comme on les appelle désormais, avec ce terme méprisant.

Ces derniers bastions de la stabilité.
Ces gêneurs qui osent se souvenir d’une époque où la France tenait encore debout.

Alors on les sacrifie.

On ponctionne leur pension.
On fiscalise leur héritage.
On surtaxe leur logement – jugé « trop grand » par une administration devenue inquisitrice.
On sabote leurs niches fiscales.

Et bientôt, on les accompagnera poliment vers la mort médicalisée pour réduire les coûts.
Par ici la sortie.

C’est le dernier pan de la pyramide des âges qu’on dynamite méthodiquement.

Et le pire ? Ils ne disent presque rien.

Parce que le retraité est digne.
Il a été élevé dans l’effort, le silence, la retenue.
Il n’a pas appris à pleurnicher sur TikTok ni à bloquer des ronds-points pour cinq centimes.
Il encaisse. Il serre les dents. Il fait les comptes.

Il continue d’aider financièrement les parents encore vivants – putain de vieux !, diraient certains –,
les enfants, les petits-enfants.
Il tient la maison debout quand l’État, lui, s’effondre.

Pourtant, il suffirait d’un frisson.
D’un murmure.
D’une révolte discrète mais déterminée…

Pour que cette majorité silencieuse rappelle à la France qu’on ne piétine pas impunément ceux qui l’ont bâtie.

Le Colonel « Pour La France » vous salue bien.

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Pour aller plus loin :

« Un retraité dont la pension dépasse un certain seuil paiera plus d’impôt en 2026, avec la fin de l’avantage fiscal. Le gouvernement prévoit de remplacer l’abattement forfaitaire de 10 % par une déduction fixe. Qui seront les retraités perdants ? »
🔗 https://droit-finances.commentcamarche.com/vie-pratique/actualite-juridique-et-financiere/5681-reduction-retraites-2000-b/

Fiscalité

François Bayrou : Travailler plus pour sauver la France ? Pourquoi le diagnostic est juste mais incomplet

Régis Ollivier – Le 16 mars 2025

 

François Bayrou, fidèle à son style mordant, rejette la solution de l’augmentation des impôts et en appelle à un sursaut du travail pour remettre la France sur les rails. Une position lucide, mais qui ne suffira pas sans un changement de cap en profondeur. Le travail ne peut être le seul levier, si l’État, lui, continue comme avant… Décryptage.

 

Illustration générée par IA

 

François Bayrou a le sens de la formule. Interrogé sur l’équilibre budgétaire et le financement des priorités gouvernementales, il balaye d’un revers de main la sempiternelle solution brandie par certains : augmenter les impôts. Et il le fait avec un humour piquant : « Si les impôts permettaient d’être prospères et heureux, la France serait le pays le plus heureux du monde. » Voilà un tacle bien senti. Mais au-delà de la pirouette, la réflexion mérite qu’on s’y arrête. Et surtout, qu’on la pousse jusqu’au bout.

Une évidence qui dérange : la France est championne des impôts

Bayrou a raison sur le constat : la France est l’un des pays les plus fiscalisés du monde. Prélèvements obligatoires autour de 45% du PIB, taxes en tous genres, charges pesant sur le travail et l’entreprise… Chaque nouvelle ponction finit par produire l’effet inverse de celui recherché : elle freine la création de richesse, pousse les entrepreneurs à délocaliser, décourage l’initiative.

L’époque où l’on pouvait combler les déficits publics en augmentant la pression fiscale est révolue. L’impôt n’est plus une variable d’ajustement, mais un facteur d’asphyxie.

Bayrou a donc raison de rejeter cette solution de facilité. Mais que propose-t-il en alternative ? Travailler plus.

Le levier du travail : salutaire, mais pas suffisant

Là encore, difficile de lui donner tort. Produire davantage pour financer nos priorités relève du bon sens. Oui, le vrai nerf de la guerre, c’est la création de valeur.

Seulement voilà : rallonger le temps de travail, repousser l’âge de départ à la retraite ou densifier l’année de travail ne suffira pas à relancer la machine si l’environnement général n’évolue pas.

D’abord, parce que les Français ont le sentiment de beaucoup donner… sans jamais récolter les fruits de leurs efforts. Pouvoir d’achat sous pression, services publics dégradés, perte de confiance. Leur demander un énième effort, sans contrepartie claire, c’est risquer le rejet pur et simple.

Ensuite, parce que le simple allongement du temps de travail n’est pas la panacée. Les pays les plus prospères ne sont pas forcément ceux où l’on travaille le plus d’heures, mais ceux qui misent sur l’innovation, la montée en gamme, la productivité réelle.

Enfin, parce que le rapport au travail a évolué. Qu’on le veuille ou non, les nouvelles générations aspirent à un équilibre vie pro/vie perso, à plus de sens, à moins de rigidité.

Ce que Bayrou ne dit pas (mais qu’il faudrait faire)

Pour que son discours soit crédible, il doit s’accompagner d’un changement profond. Voici quelques pistes concrètes, incontournables à mes yeux :

1) Réduire les gaspillages publics.
Avant de demander aux Français de travailler plus, il faut que l’État montre l’exemple. Audit indépendant et transparent des finances publiques, suppression des doublons administratifs, réduction du train de vie. Il y a urgence à démontrer que chaque euro prélevé est utile.

2) Simplifier le carcan fiscal et administratif.
Les entrepreneurs, artisans, PME croulent sous la paperasse et l’instabilité réglementaire. Offrons-leur 10 ans de stabilité fiscale garantie, supprimons les formulaires inutiles, unifions les guichets. Créer de la richesse doit redevenir une aventure accessible.

3) Valoriser l’effort, le mérite, la compétence.
Travailler plus, soit. Mais à condition que cela paie. Supprimons les trappes à inactivité, revalorisons le travail plutôt que l’assistanat, sortons des progressions automatiques sans mérite.

4) Miser sur l’investissement productif, pas sur la consommation subventionnée.
Moins de niches inutiles, plus d’aides ciblées aux entreprises qui investissent, relocalisent, innovent.

5) Faire du choc éducatif et de la formation continue une priorité nationale.
Si l’on veut travailler plus et mieux, encore faut-il avoir les compétences pour. L’adaptation permanente doit devenir la norme.

Travailler plus ? Oui, mais pas à sens unique

Le diagnostic de François Bayrou est juste. Mais s’il veut convaincre, il doit aussi dire à l’État, à ses administrations et à ses élites qu’eux aussi doivent « travailler mieux » : dépenser moins, décider plus vite, laisser respirer l’économie.

Alors oui, il est temps de remettre la question du travail au centre. Mais à condition de ne pas refaire le coup du “faites des efforts, nous, on continue comme avant”.

Régis Ollivier
https://lecolonel.net

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