Régis Ollivier – Le 06 mai 2025
Je viens de lire la dernière trouvaille de François Bayrou : organiser un référendum sur le budget de l’État. Rien que ça. Autrement dit : poser au bon peuple cette question technocratique, illisible, piégée, pour l’impliquer dans une machine à gaz qui n’intéresse que les énarques en mal de pertinence. Une manière habile de se refaire une virginité démocratique… sans toucher au vrai nerf du malaise français : la perte de sens. Oui, Monsieur Bayrou, un référendum… mais pas sur les chiffres. Un référendum sur la vie. Et sur la mort. L’euthanasie n’est plus un sujet tabou. Elle est une urgence silencieuse. Des familles explosent, des personnes âgées supplient qu’on les entende, et pendant ce temps, les débats sont évités, édulcorés ou reportés à l’infini. Faut-il mourir seul, sans dignité, entre deux protocoles imposés par des lois inadaptées ? Ou faut-il avoir le droit de choisir sa sortie, en conscience, avec ses proches, dans l’humanité ? Moi, j’ai tranché depuis longtemps. Je refuse l’acharnement thérapeutique. Je veux partir debout, lucide, sans qu’un comité d’éthique ou une loi déconnectée me dicte le moment ou la manière. Mais je suis prêt à entendre que d’autres pensent autrement. Alors oui, si référendum il doit y avoir, que ce soit sur ce sujet-là. Pas sur la colonne « dépenses » du prochain budget. Et je voterai contre cette loi diabolique en préparation. Ce n’est pas le déficit public qui nous ronge. C’est le déficit de courage politique.
Le Colonel vous salue bien.
Étiquette : Euthanasie
Prime à la mort : quand l’État récompense les bons gestes
Régis Ollivier – Le 20 avril 2025
Trop vieux, trop chers ? Et si mourir devenait un acte citoyen ?

Ils appellent ça « aide à mourir ». Le mot est doux. Presque chaleureux. Mais ne vous y trompez pas : derrière cette formule compassionnelle, se dessine un projet autrement plus froid — une gestion comptable de la fin de vie, déguisée en progrès humaniste.
En parallèle, les retraites sont désindexées, les réductions fiscales des anciens rabotées, et les EHPAD deviennent des clubs privés inaccessibles à 80 % des Français. Bref, à moins de 2 000 € par mois, pas question de vieillir, encore moins de dépendre. Et si vous êtes veuf, isolé, ou malade ? Tant pis. Il fallait naître riche.
Mais nos élites pensent à tout.
Plutôt que d’assumer l’indignité nationale de notre système gérontologique, elles préfèrent nous tendre la main… vers la sortie. L’euthanasie devient alors la variable d’ajustement d’un État surendetté. Et pourquoi pas, au nom de l’équité sociale, une prime à la mort versée aux familles les plus modestes ? Un dernier petit geste de l’administration, version “MaPrimeRénov”, pour celles et ceux qui ont eu le bon goût de mourir proprement, dans un centre labellisé.
On imagine déjà le formulaire :
« Madame, Monsieur, votre proche a choisi de mourir dans la dignité. Vous pouvez prétendre à une aide forfaitaire plafonnée selon votre quotient familial. Cette aide n’est pas cumulable avec le RSA. »
L’État providence est mort. Vive l’État funèbre.
Et dans quelques années, qui sait ? Un crédit d’impôt pour incitation à l’abstention de soins. Un label “décès responsable”. Ou une carte de fidélité pour les familles nombreuses : trois euthanasies, une crémation offerte.
La mort, comme la vie, devient une ligne budgétaire. Une variable d’ajustement.
Après le travail, la tonte. Et après la tonte, la piqûre.
Régis Ollivier – Le 17 avril 2025

On y est.
Les masques tombent, les gants aussi, et dans cette société qui a troqué l’honneur pour l’équilibre comptable, on commence à cibler ce qui reste de solide : Ceux qui ont bossé. Ceux qui ont tenu. Ceux qui ont fait “comme il faut.” Nouvelle idée brillante sortie des caves de Bercy :
Rembourser les soins médicaux en fonction des revenus.
Traduction :
Si tu as été prévoyant, organisé, travailleur, économe, et que tu n’as pas passé ta vie à tendre la main… alors tu seras puni. Tu paieras plus pour les mêmes soins. On appelle ça “justice sociale.” Moi j’appelle ça le hold-up post-mérité.
Dans le même souffle, on annonce aussi qu’on veut supprimer la niche fiscale des 10 % pour les retraités. Cette niche ? C’est un symbole. Le symbole que le pays reconnaît, un tout petit peu, que la retraite n’est pas un cadeau mais une dette morale. Mais aujourd’hui, cette dette, l’État ne veut plus l’assumer. Il préfère ponctionner ceux qui n’ont plus la force de se battre , fiscalement, puis biologiquement.
Et pour bien compléter le tableau, on glisse tranquillement dans le débat public l’idée d’euthanasie “digne”, douce, consentie, fluide. Le mot est joli. Le fond l’est moins. Parce que quand tu grattes un peu le vernis compassionnel, tu vois vite ce qu’on prépare : Une sortie propre pour ceux qui commencent à coûter. Moins de soins, plus de pression, et un chemin tout tracé vers la sortie. Sans bruit. Sans débat. Trop vieux ? Trop coûteux ? Trop inutile ?
On ne parle plus de solidarité. On parle de tri. On ne parle plus de respect. On parle de rentabilité.
Et tout ça se passe au pays qui prétend défendre les “valeurs humaines” contre les dérives technologiques. Quelle blague.
J’ai un message pour ceux qui écoutent encore :
Si vous laissez faire ça, si vous continuez à vous taire en espérant qu’on vous oubliera, si vous pensez que vous êtes “du bon côté” de la réforme parce que vous avez encore un peu d’air dans les poumons et un chéquier en main… alors vous avez déjà perdu.
Et quand on viendra vous dire, plus tard :
“C’est votre tour, mais rassurez-vous… ce sera rapide, indolore, encadré” —
vous vous souviendrez peut-être de ce billet.
Le Colonel vous salue bien.