Régis Ollivier – Le 20 avril 2025
Trop vieux, trop chers ? Et si mourir devenait un acte citoyen ?

Ils appellent ça « aide à mourir ». Le mot est doux. Presque chaleureux. Mais ne vous y trompez pas : derrière cette formule compassionnelle, se dessine un projet autrement plus froid — une gestion comptable de la fin de vie, déguisée en progrès humaniste.
En parallèle, les retraites sont désindexées, les réductions fiscales des anciens rabotées, et les EHPAD deviennent des clubs privés inaccessibles à 80 % des Français. Bref, à moins de 2 000 € par mois, pas question de vieillir, encore moins de dépendre. Et si vous êtes veuf, isolé, ou malade ? Tant pis. Il fallait naître riche.
Mais nos élites pensent à tout.
Plutôt que d’assumer l’indignité nationale de notre système gérontologique, elles préfèrent nous tendre la main… vers la sortie. L’euthanasie devient alors la variable d’ajustement d’un État surendetté. Et pourquoi pas, au nom de l’équité sociale, une prime à la mort versée aux familles les plus modestes ? Un dernier petit geste de l’administration, version “MaPrimeRénov”, pour celles et ceux qui ont eu le bon goût de mourir proprement, dans un centre labellisé.
On imagine déjà le formulaire :
« Madame, Monsieur, votre proche a choisi de mourir dans la dignité. Vous pouvez prétendre à une aide forfaitaire plafonnée selon votre quotient familial. Cette aide n’est pas cumulable avec le RSA. »
L’État providence est mort. Vive l’État funèbre.
Et dans quelques années, qui sait ? Un crédit d’impôt pour incitation à l’abstention de soins. Un label “décès responsable”. Ou une carte de fidélité pour les familles nombreuses : trois euthanasies, une crémation offerte.
La mort, comme la vie, devient une ligne budgétaire. Une variable d’ajustement.