Diplomatie

Krasnodar à Alger : la Russie s’ancre au sud de l’Europe

Régis Ollivier – Le 22 avril 2025

Illustration lecolonel.net

Selon « Algérie 360 », cette escale, bien que brève, s’inscrit dans une dynamique plus large de rapprochement stratégique entre Alger et Moscou, notamment dans les domaines de la défense, de la formation militaire et de la sécurité en Méditerranée. Elle vient confirmer l’importance croissante accordée par les deux capitales à la stabilité maritime et à la coopération multilatérale dans un contexte international en constante évolution.

Analyse :

Le 20 avril 2025, un sous-marin russe de classe Kilo, le « Krasnodar », accoste officiellement au port d’Alger, accompagné d’un navire militaire de surface. Une escale annoncée jusqu’au 24 avril, dans le cadre d’une visite qualifiée de « courtoisie ». Mais à y regarder de plus près, ce mouvement naval s’inscrit dans une dynamique beaucoup plus stratégique.  

Car ce n’est pas un simple bâtiment logistique qui mouille à Alger, mais « un outil de projection navale, discret et offensif, équipé notamment de missiles Kalibr. Ce type d’unité n’est jamais déployé sans raison dans une région aussi sensible. Et certainement pas en toute transparence médiatique si l’objectif est uniquement diplomatique.

L’Algérie dans l’orbite de Moscou

Depuis plusieurs années, l’Algérie a consolidé ses liens militaires et politiques avec la Russie :
– 80 % de ses équipements sont d’origine russe.
– Les échanges de formations et d’expertises se multiplient.
– Le régime d’Alger s’est refusé à condamner l’agression russe contre l’Ukraine, affichant une neutralité bienveillante envers Moscou.

Ce partenariat, longtemps discret, devient aujourd’hui visible, assumé, démonstratif. Cette escale navale est un jalon : une validation publique d’un ancrage géopolitique. Il ne s’agit plus d’un client fidèle, mais d’un partenaire stratégique. La Méditerranée occidentale devient ainsi un nouveau théâtre d’influence russe, au seuil même du continent européen.

Un sous-marin n’est jamais un hasard

Le Krasnodar, navire furtif et silencieux, n’est pas conçu pour des parades amicales. Il est taillé pour les missions de surveillance, de frappe, de présence dissuasive. L’accueillir à Alger, c’est :
– Offrir à la Russie une capacité de projection navale avancée, à moins de 1 000 kilomètres de nos côtes.
– Donner à Moscou une base potentielle de repli ou de ravitaillement en Méditerranée occidentale.
– Envoyer un signal clair à l’Europe : le sud n’est plus un vide stratégique.

Un silence européen préoccupant

Tandis que l’attention occidentale reste absorbée par la frontière orientale de l’Europe, le flanc sud se laisse coloniser idéologiquement, militairement, politiquement. Les capitales européennes semblent incapables de voir la Méditerranée comme un espace stratégique global.  

L’Algérie devient pourtant, sous nos yeux, un partenaire central d’une puissance rivale. Elle s’affirme, au passage, comme le contrepoids du Maroc et un levier de pression régional, que Moscou saura exploiter.

Sortir de la torpeur ?

Faut-il rappeler qu’en géopolitique, il n’y a pas de vide durable ? Si l’Europe détourne les yeux, d’autres regardent, avancent, s’installent. Ce sous-marin à Alger est un symbole lourd de sens. Il appelle, à tout le moins, une prise de conscience.

Notre diplomatie continuera-t-elle à feindre la neutralité bienveillante, ou envisage-t-elle enfin de sortir de sa léthargie stratégique ? Je rappelle que dans le « jeu » actuelle États-Unis – Iran, la France est totalement absente des discussions en cours. La France serait « très favorable aux discussions menées par les États-Unis avec l’Iran, mais reste vigilante », a annoncé lundi à Luxembourg le ministre français des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot. Silence stratégique ou aveuglement volontaire ?

Lire aussi https://www.algerie360.com/le-port-dalger-accueille-un-sous-marin-et-un-navire-militaire-russes/

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#Coopérationmilitaire

Défense

Tribune – Deux milliards d’euros pour l’Ukraine : et les Français, dans tout cela ?

Par Régis Ollivier
Candidat putatif à l’élection présidentielle de 2027
Le 27 mars 2025

Tribune de Régis Ollivier
Le 27 mars 2027

Chaque soir, je partage avec mon épouse un moment simple et paisible : un dîner en tête-à-tête, dans notre cuisine, accompagné du journal télévisé diffusé sur une tablette. Nous suivons l’actualité, avec ses drames, ses colères et ses soubresauts.

Et ce soir-là, l’annonce est tombée :

« Guerre en Ukraine : la France accorde 2 milliards d’euros supplémentaires en soutien immédiat à l’Ukraine. »

Un chiffre. Froid. Brutal. Quasi irréel.

Deux milliards d’euros.
Immédiatement débloqués.
Sans débat. Sans vote. Sans explication.

Pendant ce temps, en France, on envisage de supprimer les 10 % d’abattement fiscal dont bénéficient les retraités. Ceux-là mêmes qui ont cotisé toute leur vie, et à qui l’on demande aujourd’hui de consentir encore un effort, comme si l’effort ne leur appartenait pas déjà depuis des décennies.

Je ne suis pas de ceux qui refusent l’aide internationale. J’ai trop vu le monde et ses détresses pour ignorer l’importance de la solidarité entre nations. Mais cette solidarité ne peut s’exercer au mépris des réalités nationales, au détriment de ceux que l’on n’écoute plus, que l’on ne respecte plus, et que l’on presse toujours davantage.

Ce geste, décidé dans la précipitation, illustre une méthode de gouvernance devenue insupportable : celle du fait accompli, de l’unilatéral, de l’aveuglement technocratique.

On décrète, on dépense, on engage, sans jamais consulter ni expliquer. Et surtout, sans jamais regarder les Français dans les yeux.

Ce n’est pas ainsi que l’on gouverne une nation. Ce n’est pas ainsi que l’on mérite la confiance d’un peuple. Ce n’est pas ainsi que l’on prépare l’avenir.

En 2027, il faudra choisir entre la continuité de cette gouvernance verticale et sourde, et le retour à une République du respect, du bon sens et de la responsabilité.

Je serai de ceux qui proposeront ce retour.

Diplomatie

France-Algérie : quand la peur des banlieues dicte la diplomatie de la France

Régis Ollivier – le 25 mars 2025

Illustration chatgpt pour lecolonel.net

Un État à genoux, par calcul ou par crainte ?

À observer les contorsions diplomatiques de la France face à l’Algérie, une question s’impose : pourquoi Paris courbe-t-il systématiquement l’échine ? Pourquoi cette complaisance, cette retenue, voire cette soumission silencieuse ? La réponse est simple, mais peu assumée : la peur. Peur des banlieues, peur des émeutes, peur d’un soulèvement social que personne n’aurait le courage de mater. La France redoute davantage ce qui se passe en Seine-Saint-Denis que ce qui se décide à Alger.

La bombe démographique : un levier intérieur bien connu

Près de 2 millions de personnes d’origine algérienne vivent en France, toutes générations confondues. Une donnée brute, mais aux répercussions politiques majeures. Chaque gouvernement sait pertinemment que la moindre étincelle – un durcissement sur les visas, une tension avec Alger, une déclaration malheureuse – peut mettre le feu aux poudres dans les quartiers dits « sensibles ». Les émeutes de 2005 sont encore dans toutes les mémoires. Plus récemment, les flambées de violence de 2023 ont montré qu’il ne faut pas grand-chose pour déclencher l’embrasement. Face à cette bombe démographique, le pouvoir choisit la prudence. Ou plutôt, l’immobilisme.

Le chantage mémoriel, outil d’un pouvoir algérien cynique :

Depuis plus de soixante ans, Alger a parfaitement compris comment manipuler la culpabilité française. À chaque crispation, le refrain est le même : la France coloniale, les souffrances passées, les réparations symboliques. Paris, tétanisé à l’idée de réveiller les vieux démons, répond par des concessions. On multiplie les gestes, les excuses, les silences gênés. Pendant ce temps, l’Algérie avance ses pions sans jamais faire amende honorable de son côté.

L’arme migratoire : un pistolet sur la tempe

Autre levier redoutable, la diplomatie migratoire. L’Algérie refuse régulièrement de délivrer les laissez-passer consulaires nécessaires aux expulsions. Résultat ? La France est incapable d’expulser efficacement des milliers de ressortissants algériens sous OQTF. À chaque tentative de fermeté, Alger bloque. Paris recule, par peur d’un afflux migratoire ingérable, ou pire : d’une rupture qui provoquerait des troubles dans ses propres rues.

Une diplomatie timorée qui cache un déclin stratégique

Cette posture de soumission ne s’explique pas seulement par les banlieues. Elle reflète une France affaiblie sur la scène internationale, incapable de peser face à l’Algérie, laquelle s’offre désormais les faveurs de Moscou, Pékin, ou Ankara. Ajoutez à cela la dépendance énergétique – le gaz algérien reste une carte précieuse – et vous obtenez une diplomatie dictée par la crainte, l’intérêt à court terme, et surtout l’absence totale de courage politique.

Reprendre la main avant qu’il ne soit trop tard

La France ne peut plus se permettre de plier face à l’Algérie par peur de ses propres citoyens d’origine algérienne. Ce choix stratégique de la lâcheté ne garantit ni la paix sociale, ni le respect international.Un État qui redoute ses banlieues n’est plus souverain. Un État qui négocie à genoux n’est plus respecté. À défaut de la renverser, il est grand temps d’inverser la table.

#France #Algérie #Diplomatie #Immigration

Politique

Les Fulgurances du Colonel — Épisode du jour : “La France n’a pas besoin d’un gestionnaire, mais d’un démolisseur”

Régis Ollivier – Le 23 mars 2025

Capture d’écran

Soyons clairs : il y a des moments dans l’Histoire où un pays ne peut plus se contenter d’un petit chef d’atelier qui arrange les boulons et repeint les murs. Ce qu’il lui faut, c’est un démolisseur. Quelqu’un qui ne passe pas son temps à arrondir les angles, mais qui renverse la table, jette la vaisselle par la fenêtre et déclare : « On repart de zéro. »

L’Amérique a eu Trump, brut de décoffrage, sans vernis ni faux-semblants. Vulgaire ? Peut-être. Incontrôlable ? Souvent. Mais il avait ce que beaucoup n’ont plus : le courage de déplaire, de bousculer, de faire le ménage à coups de pied dans la porte.

La France, elle, continue de s’enliser dans des palabres stériles, de vouloir dégraisser le mammouth à la petite cuillère, de jongler avec des rustines sur un pneu crevé. Ce qu’il lui faut, c’est un président qui ne s’embarrasse pas du qu’en-dira-t-on. Un homme capable de vider le marigot, d’assécher la mare aux crocodiles, et d’envoyer paître les carriéristes de la politique à papa.

Un homme qui ne confond pas autorité avec politesse de salon. Un chef qui ne consulte pas des panels d’experts avant de décider qu’il est temps de faire tomber la maison pour reconstruire quelque chose de sain. En bref : un nettoyeur d’écuries d’Augias, pas un cireur de bottes.

Je vous laisse deviner pourquoi ce profil-là me parle.

#LesFulgurancesDuColonel #USA #Trump #France #Politique

Avion de chasse Dassault Rafale en vol sous un ciel dégagé, avec un drapeau français flottant en arrière-plan, symbolisant l’autonomie stratégique de la France.
Défense

Rafale face aux F_35 et le SAMP/T face aux Patriots. Analyse d’une stratégie risquée pour la France et l’Europe.

Régis Ollivier – Le 17 mars 2025

Avion de chasse Dassault Rafale en vol sous un ciel dégagé, avec un drapeau français flottant en arrière-plan, symbolisant l’autonomie stratégique de la France.
Le Rafale, fleuron de l’industrie de défense française, au cœur des ambitions d’autonomie stratégique prônées par Emmanuel Macron. IA

Macron propose les Rafale face aux F_35 et le SAMP/T face aux Patriots

Il y a des déclarations qui, sous des allures anodines, en disent long sur la trajectoire d’un homme. Ainsi, Emmanuel Macron a affirmé que les pays qui achètent des systèmes Patriot américains devraient plutôt envisager le système franco-italien SAMP/T, et que ceux qui lorgnent sur les F-35 américains feraient bien de considérer le Rafale.

À première vue, on pourrait y voir une simple opération commerciale, un coup de pouce bienvenu à la base industrielle et technologique de défense française. Mais ce serait une lecture naïve. Ce genre de propos cache une posture plus large, plus inquiétante même : celle d’un président obsédé par l’idée d’imposer sa vision, quoi qu’il en coûte, au détriment des équilibres stratégiques patiemment construits depuis des décennies.

Le syndrome du chef d’orchestre sans orchestre

Depuis le départ d’Angela Merkel, Emmanuel Macron s’imagine chef d’une Europe qu’il serait le seul à pouvoir incarner. Dans son esprit, il faut rompre la dépendance atlantiste, réorienter l’Europe vers une autonomie stratégique… et, bien sûr, placer la France au centre de ce dispositif. Quitte à froisser, bousculer, imposer.

Proposer aux alliés européens de délaisser les F-35 ou les Patriots, c’est oublier une réalité incontournable : beaucoup de ces pays ont intégré depuis longtemps leurs armées dans l’écosystème américain via l’OTAN. Leur demander de tout casser pour acheter du matériel français revient à vouloir changer les règles du jeu à mi-partie. Sans consensus, sans concertation.

Un chef d’orchestre sans orchestre reste un homme seul.

Le calcul économique masqué

Derrière cette posture, il y a aussi une évidence économique. Le Rafale, fleuron technologique, est une formidable vitrine du savoir-faire français. Chaque contrat se chiffre en milliards. Chaque avion vendu entraîne maintenance, formation, munitions, partenariats durables. Macron sait qu’en vendant du Rafale, il vend aussi une sphère d’influence, un lien d’allégeance discret mais solide.

Mais à force de penser court-termisme économique, on oublie la géopolitique de long terme : les États-Unis n’abandonneront pas leur position dominante sans réagir. Et les partenaires européens n’apprécient guère qu’on leur torde le bras sous couvert de patriotisme industriel.

L’homme qui veut laisser sa trace

Ce qui m’inquiète dans cette déclaration, c’est ce qu’elle révèle d’un tempérament. Macron est prêt à tout pour apparaître comme l’homme providentiel, celui qui aura redressé l’Europe, relancé la puissance française, inscrit son nom dans les livres d’histoire. Quitte à forcer le destin, quitte à bousculer l’ordre établi. Quitte, peut-être, à commettre l’irréparable.

Un homme qui n’écoute plus, qui impose, qui mise sans filet, finit toujours par entraîner les autres dans sa chute.

Une Europe fracturée, des alliances fragilisées

Les alliés européens voient déjà d’un œil sceptique les leçons de morale venues de Paris. Les pays d’Europe centrale, notamment, n’apprécient guère cette arrogance bien française. Les États-Unis, eux, observeront attentivement : ils ne laisseront personne remettre en cause leur hégémonie sans coup férir.

Macron joue un jeu dangereux. À force de vouloir tout recentrer autour de lui, il risque d’isoler la France, d’agacer ses partenaires, et de nous entraîner dans une spirale où le « quoi qu’il en coûte » pourrait finir par coûter… très cher.

Mots clés : Rafale, F-35, Macron, autonomie stratégique, défense européenne, SAMP/T, Patriot, géopolitique, industrie de défense, OTAN, France, Europe