Défense

Trump et l’Europe : une volonté de division assumée ?

Régis Ollivier – Le 08 mars 2025

 

Parfois, je me dis : « Et si Donald Trump était en train de provoquer un schisme en Europe ? Pour justement provoquer un conflit qui nous laisserait exsangue ? ». J’ai posé cette question à mon Intelligence Assisté(IA) et voici sa réponse.

C’est une hypothèse qui mérite d’être explorée, car Trump a toujours eu une approche disruptive des relations internationales, notamment vis-à-vis de l’Europe et de l’OTAN.

Trump a déjà montré qu’il considère l’UE non pas comme un allié naturel des États-Unis, mais comme un concurrent économique et un poids pour Washington. Ses actions passées suggèrent qu’il pourrait chercher à affaiblir l’Europe pour mieux asseoir la puissance américaine :

•    Son discours anti-OTAN : Trump a ouvertement menacé de retirer le soutien américain aux pays européens qui ne contribuent pas assez à leur défense. Il a laissé entendre que, sous sa présidence, les États-Unis pourraient ne pas défendre un pays européen attaqué.

•    Sa proximité avec la Russie : Lors de son premier mandat, Trump a eu une attitude ambiguë vis-à-vis de Moscou, minimisant la menace russe et critiquant les sanctions occidentales.

•    Son soutien aux populismes européens : Il a encouragé les forces eurosceptiques (Brexit, Orbán, Meloni, etc.), contribuant à fragmenter l’unité européenne.

Un schisme européen pour affaiblir l’UE et la pousser au conflit ?

Trump pourrait en effet adopter une stratégie visant à fracturer l’Europe en jouant sur ses lignes de faille :

1.    Diviser les Européens sur la défense

•    En forçant l’UE à s’autonomiser militairement, Trump pousserait certains pays (notamment la Pologne et les États baltes) à réclamer une confrontation plus dure avec la Russie.

•    La France et l’Allemagne, plus prudentes, se retrouveraient en position délicate.

•    L’OTAN pourrait devenir une alliance à géométrie variable, où certains pays suivent Washington et d’autres non.

2.    Pousser l’Europe dans un engrenage conflictuel avec la Russie

•    Si l’UE s’engage dans une course aux armements sans soutien américain, elle risque de se retrouver isolée et affaiblie.

•    Un conflit en Europe serait catastrophique économiquement et militairement, laissant les États-Unis en position dominante, comme après les deux guerres mondiales.

•    Un affrontement UE-Russie permettrait aux États-Unis de se recentrer sur leur véritable rival stratégique : la Chine.

3.    Laisser l’Europe exsangue pour mieux la dominer

•    Un affaiblissement de l’UE par une crise militaire la rendrait encore plus dépendante de Washington sur le plan économique et stratégique.

•    L’industrie européenne, déjà affaiblie, deviendrait une proie facile pour les entreprises américaines.

•    Trump pourrait alors imposer ses conditions commerciales et stratégiques à une Europe divisée et ruinée.

Conclusion : Un piège à double tranchant

Si Trump agit dans cette direction, l’Europe doit impérativement éviter le piège. Une course aux armements précipitée et une escalade avec la Russie pourraient être exactement ce que cherchent à provoquer les forces qui veulent affaiblir l’UE. Il est crucial que les Européens conservent une approche stratégique autonome, sans tomber dans la surenchère guerrière ni dans l’illusion d’une protection américaine éternelle.

Mots clés :    •    Trump    •    Europe    •    OTAN    •    Russie    •    Schisme    •    Conflit    •    Course aux armements    •    Affaiblissement    •    Divisions européennes    •    Souveraineté stratégique    •    Isolationnisme américain    •    Populisme    •    Chine    •    Dépendance militaire    •    Domination économique    •    Fragmentation de l’UE

 

Défense

Virage stratégique depuis 2017 et critiques internes : les années Macron

Par Régis Ollivier – Le 06 mars 2025

Analyse des différentes réactions nationales et internationales suite au discours de Macron, en mettant en lumière les critiques sur son évolution stratégique et militaire depuis 2017. Je vais également examiner l’impact de ses choix sur la perception de la France au sein de l’UE et de l’OTAN.

Le dernier discours d’Emmanuel Macron – marqué par un ton beaucoup plus ferme en matière de défense – contraste avec le début de son quinquennat. En juillet 2017, seulement trois mois après son élection, le Président avait provoqué une crise en imposant une coupe de 850 millions d’euros dans le budget de la défense, ce qui avait conduit à la démission fracassante du chef d’état-major Pierre de Villiers . À l’époque, l’armée avait perçu cette réduction budgétaire comme une trahison, d’autant que M. Macron s’était engagé à porter les dépenses de défense à 2 % du PIB d’ici 2025 . Depuis, le contexte géopolitique a radicalement changé avec la guerre en Ukraine et la montée des tensions internationales. Emmanuel Macron a opéré un net revirement stratégique : il prône désormais un renforcement massif de l’effort de défense français et européen, y compris via la dissuasion nucléaire. Ce changement de posture suscite des critiques vives sur la scène intérieure, où l’opposition pointe ses incohérences. Ainsi, après son annonce d’« ouvrir le débat » sur le partage éventuel de la protection nucléaire française avec l’Europe, des figures politiques de tous bords l’ont accusé de vouloir « brader » un atout souverain. À droite, François-Xavier Bellamy (LR) a jugé « d’une gravité exceptionnelle » l’idée de toucher au « nerf même de la souveraineté française » . Marine Le Pen a fustigé un président qui « mentait » en niant vouloir mutualiser la dissuasion et qui désormais « souhaite bien partager… notre dissuasion nucléaire », redoutant que « suive le siège permanent de la France à l’ONU » . De même, la gauche radicale (LFI) dénonce un coup porté à la crédibilité de la force de frappe, accusant Emmanuel Macron de vouloir « liquider l’autonomie stratégique française », ce qui « ne se partage pas ». Ces réactions internes soulignent combien le chef de l’État doit convaincre de la sincérité et de la cohérence de son virage stratégique, après des débuts marqués par des messages contradictoires en matière de défense.

Réticences de l’Allemagne et de l’Italie face à une ligne plus offensive : Sur la scène européenne, la nouvelle posture plus offensive de Paris est accueillie fraîchement par certains partenaires, notamment Berlin et Rome. Historiquement, la France pousse depuis des décennies la construction d’une Europe de la défense, mais « s’est souvent heurtée aux réticences de ses partenaires qui jugeaient plus sûr le parapluie de l’Otan » . L’Allemagne, en particulier, a longtemps freiné les initiatives françaises d’autonomie stratégique, préférant s’en remettre à l’OTAN et à la protection américaine. Berlin n’a guère accueilli favorablement les propositions de Paris sur la dissuasion : « L’Allemagne… voit le parapluie nucléaire américain comme la clé de sa sécurité », s’opposant à l’idée de miser davantage sur l’arsenal français . En 2020 déjà, à la Conférence de Munich, le secrétaire général de l’OTAN Jens Stoltenberg – reflétant la ligne de nombreux alliés dont l’Allemagne – avait sèchement écarté l’appel de M. Macron à placer la dissuasion française au centre de la stratégie européenne, rappelant que « 28 alliés [fournissent] une dissuasion nucléaire […] depuis des décennies » via les États-Unis et le Royaume-Uni . De son côté, l’Italie se montre tout aussi prudente. Malgré le traité du Quirinal scellant une coopération franco-italienne, Rome demeure attachée à l’Alliance atlantique et peu encline à suivre Paris dans des initiatives perçues comme trop audacieuses. La coalition au pouvoir en Italie affiche un atlantisme résolu : elle participe aux programmes de « partage nucléaire » de l’OTAN et a rejoint des projets de défense conduits par l’OTAN ou l’Allemagne (tels que le bouclier antimissile européen dirigé par Berlin), ce qui traduit une certaine méfiance à l’égard des propositions d’autonomie européenne françaises. Ainsi, ni l’Allemagne ni l’Italie ne souhaitent embrasser sans réserve la vision d’une Europe de la défense pilotée par Paris si celle-ci risque d’affaiblir le lien transatlantique ou de les entraîner dans une posture militaire plus agressive vis-à-vis de Moscou. Le débat sur la fourniture d’armes lourdes à l’Ukraine illustre ces nuances : Berlin et Rome ont, dans un premier temps, hésité à franchir certains paliers (chars, systèmes anti-missiles), préférant une approche graduée là où la France appelait à « dissuader les Russes » par des moyens robustes  . En somme, face à un Macron prônant l’« audace » européenne, l’Allemagne et l’Italie demeurent parfois en retrait, insistant sur la complémentarité avec l’OTAN et la prudence dans l’engagement militaire.

Regards américain et russe : dissuasion nucléaire et réarmement européen : Le discours offensif de M. Macron a également fait réagir les grandes puissances. Côté américain, on accueille favorablement l’augmentation des dépenses militaires européennes, maintes fois réclamée, mais on reste vigilant quant aux velléités d’indépendance stratégique de Paris. Washington rappelle systématiquement que les initiatives européennes doivent « compléter, et non concurrencer l’OTAN », selon la formule employée par plusieurs responsables américains ces dernières années. L’Alliance atlantique demeure à leurs yeux la pierre angulaire de la défense du Vieux Continent, et la promesse française d’une Europe de la défense « aux côtés de l’Otan » plutôt qu’en substitution se veut rassurante . Néanmoins, l’idée d’étendre le « parapluie nucléaire » français aux voisins européens soulève des réserves aux États-Unis. Comme l’a souligné le patron de l’OTAN (très proche de la position américaine), la dissuasion US déployée en Europe est considérée comme « la garantie suprême de la sécurité de l’alliance », éprouvée depuis des décennies . En clair, ni Washington ni les alliés d’Europe de l’Est ne souhaitent voir se développer une alternative nucléaire purement européenne qui pourrait dupliquer – voire concurrencer – le dispositif otanien. Malgré ces mises en garde, le nouveau contexte politique à Washington pourrait paradoxalement donner du crédit aux alertes de Paris : la perspective d’un retour isolationniste des États-Unis (comme sous Donald Trump) a déjà poussé certains responsables européens à envisager « de se défendre sans le soutien américain », y compris via les capacités nucléaires britanniques et françaises  . Ainsi, le chef de l’opposition allemande Friedrich Merz a récemment estimé que sous un président américain imprévisible, l’Allemagne devrait « regarder au-delà des États-Unis » et discuter d’un partage nucléaire avec Paris et Londres  . Ces propos – inédits à Berlin – montrent que la vision française trouve un écho lorsque l’engagement américain paraît faillir. Du côté de la Russie, en revanche, les déclarations d’Emmanuel Macron ont été perçues comme ouvertement hostiles. Moscou accuse le président français de raviver une logique de confrontation Est-Ouest. Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a fustigé la « rhétorique nucléaire » de M. Macron, y voyant « une menace pour la Russie » . Selon Lavrov, le fait que Paris se dise prêt à protéger l’Europe sous son aile nucléaire et à « utiliser des armes nucléaires contre la Russie […] est bien sûr une menace » . Le Kremlin dépeint le chef de l’État français comme emporté par une « russophobie » belliqueuse et l’a même comparé, pour ses ambitions européennes, à Napoléon et Hitler qui voyaient déjà la Russie comme l’ennemi à abattre  . Ce discours polémique de Moscou vise à délégitimer la France en la présentant comme moteur d’un réarmement européen dirigé contre la Russie. En réalité, la position française – soutien militaire à l’Ukraine, renforcement de la dissuasion – s’inscrit dans la réponse collective de l’OTAN aux agressions russes. Mais aux yeux du pouvoir russe, la France d’Emmanuel Macron, jadis partisane du dialogue stratégique avec Moscou, a tourné le dos à toute coopération pour endosser pleinement le rôle d’adversaire stratégique.

Conséquences pour la France dans l’UE et l’OTAN : Le tournant pris par Emmanuel Macron redessine la place de la France au sein des alliances occidentales. D’un côté, Paris consolide son rôle de moteur en Europe sur les questions de défense. Sa doctrine de « puissance d’équilibre » se traduit désormais en actes : augmentation du budget militaire, livraisons d’armes à l’Ukraine, propositions pour une défense européenne plus intégrée. Cela renforce l’influence française dans les discussions sur l’autonomie stratégique de l’UE, d’autant que peu de pays du continent disposent des mêmes capacités militaires (armée projetable, dissuasion nucléaire) et d’une vision globale des menaces. Les appels de M. Macron à une Europe « souveraine et forte » face à la Russie ont trouvé un certain écho à Bruxelles et chez plusieurs partenaires, surtout depuis l’invasion de l’Ukraine qui a largement « vindiqué » sa démarche initiale  . En affirmant que « la Russie est devenue une menace pour la France et l’Europe […] regarder sans rien faire serait de la folie », il a légitimé une ligne plus ferme que Paris défend désormais haut et fort  . D’un autre côté, cette affirmation de leadership n’est pas sans frictions. Au sein de l’Union européenne, la France doit composer avec des visions différentes, et son insistance sur la défense peut être perçue comme un agenda trop français. Comme l’observe un ancien diplomate, « la France a des moyens limités et les autres États membres ont des visions différentes » de la priorité à donner à ces enjeux . L’attitude tiède de l’Allemagne et de l’Italie face aux propositions de Paris démontre que le consensus européen n’est pas acquis : certains craignent que Paris n’impose sa ligne ou néglige d’autres volets (économiques, industriels) au profit du militaire . Il en résulte que la crédibilité de la France en tant que leader dépendra de sa capacité à entraîner une coalition de pays partageant sa volonté d’agir. Au sein de l’OTAN, la France soigne son engagement pour dissiper tout malentendu : Emmanuel Macron a pris soin de réaffirmer que l’Europe de la défense qu’il appelle de ses vœux se ferait « aux côtés de l’OTAN », et non en dehors . Cette double appartenance – pilier de l’Union européenne tout en restant un allié fiable dans l’Alliance atlantique – est au cœur de la stratégie française. Elle peut renforcer le poids de la France si elle parvient à apparaître comme l’interlocuteur central capable de lier les efforts européens et la stratégie de l’OTAN. Toutefois, Paris devra surmonter le scepticisme de certains alliés d’Europe de l’Est, plus méfiants à son égard en raison de ses tentatives passées de dialogue avec Moscou ou de sa réserve initiale sur l’élargissement de l’OTAN. La nouvelle orientation de Macron, plus alignée sur la fermeté vis-à-vis de la Russie, pourrait progressivement dissiper ces réserves, mais cela prendra du temps.

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Bilan global – crédibilité et influence de la France : Au lendemain de ce discours, la France apparaît à la fois plus crédible sur le plan militaire et attendue au tournant sur le plan politique. Sur le fond, Emmanuel Macron a renforcé la cohérence du message français en matière de défense : après avoir corrigé le tir de 2017 (les budgets sont désormais en hausse continue) et tiré les leçons de la guerre en Ukraine, Paris assume un rôle de leader proactif pour la sécurité européenne. Sa voix porte davantage qu’il y a quelques années lorsque l’idée d’« autonomie stratégique » semblait abstraite ; désormais, face à la menace russe et aux incertitudes transatlantiques, même les plus sceptiques reconnaissent la pertinence de nombreux axes défendus par la France  . Cette crédibilité retrouvée se mesure aussi au respect accru pour l’armée française, qui malgré ses engagements extérieurs et sacrifices budgétaires passés, demeure l’une des plus performantes d’Europe. Néanmoins, l’influence réelle de la France dépendra de sa capacité à convaincre et à rassembler. Le discours de M. Macron se voulait un électrochoc pour l’Europe, mais « notre Europe peut mourir » a-t-il prévenu  . Or, convaincre suppose de surmonter les divergences : en interne, ressouder l’unité nationale autour des enjeux de défense après des polémiques sur la souveraineté ; en Europe, rallier l’Allemagne, l’Italie et les autres à une vision commune de la sécurité, sans apparaître donneur de leçons. Le défi est donc autant politique que stratégique. En définitive, la France ressort de cette séquence avec une stature affirmée de puissance d’équilibre : crédible militairement, force de proposition diplomatique, mais dont l’influence future se jouera sur sa capacité à transformer l’essai – c’est-à-dire à fédérer une Europe de la défense qui soit à la hauteur de ses ambitions, sans se couper de ses alliés ni de son opinion publique. Les réactions contrastées à ce dernier discours illustrent bien que le leadership français, indispensable face aux crises actuelles, doit encore composer avec les doutes pour s’imposer pleinement. Les prochains mois, entre sommets européens et réunions de l’OTAN, seront décisifs pour mesurer si la France d’Emmanuel Macron parvient à convertir l’essai en action collective, consolidant ainsi son influence et celle de l’Europe sur la scène mondiale.

Sources : Revue de presse internationale et déclarations officielles (Politico, Reuters, France24, Le Monde, RFI, Atlantic Council, Toute l’Europe, RFERL, Daylypost, Quactus, …).

 

Défense

Deus inter pares… ou Deus tout court ? Vers une dérive jupitérienne accrue

Régis Ollivier – Le 06 mars 2025

 

 

L’intervention d’Emmanuel Macron hier soir a confirmé une tendance désormais bien ancrée dans son mode de gouvernance : une hyper-présidence où le chef de l’État décide seul, impose sa vision et réduit les contre-pouvoirs à de simples spectateurs disciplinés. À l’international, sa posture de chef de guerre lui confère un certain poids, mais en France, il apparaît de plus en plus comme un Deus inter pares, voire un Deus tout court, trônant au sommet d’une pyramide où même les généraux n’ont plus voix au chapitre.

Macron, l’homme seul aux commandes

Depuis 2017, Emmanuel Macron cultive l’image du président omniscient et omnipotent. Il a centralisé tous les pouvoirs, court-circuité la vie parlementaire à coups de 49.3 et marginalisé jusqu’à son propre camp. Avec son discours martial, il pousse cette logique à l’extrême : c’est lui, et lui seul, qui incarne la réponse française à la menace de guerre en Europe.

Alors que le pays traverse une crise sociale et économique majeure, le président détourne l’attention en jouant sur la peur, instaurant un climat d’urgence où seule une autorité forte et verticale pourrait nous sauver du chaos. Rien de nouveau sous le soleil : c’est une stratégie vieille comme le monde. Face à une menace extérieure, on renforce le pouvoir exécutif, on serre les rangs, et on exige de la population qu’elle se mette en ordre de bataille, sans poser trop de questions.

Mais cette vision guerrière de la politique a une conséquence directe : l’effacement des contre-pouvoirs, y compris dans les domaines où le débat devrait être essentiel, comme la stratégie militaire et la dissuasion nucléaire.

Où sont les généraux ?

Traditionnellement, les militaires sont des conseillers du pouvoir politique, garants d’une approche réaliste et pragmatique des conflits. Mais avec Macron, les généraux semblent relégués au rang d’exécutants silencieux, le petit doigt sur la couture du pantalon. Ce n’est pas eux qui imposent une doctrine militaire adaptée aux réalités du terrain, mais bien le président qui dicte la ligne, seul dans son palais élyséen.

L’élargissement potentiel du parapluie nucléaire français en est un parfait exemple.C’est une décision stratégique majeure, qui engage non seulement la France, mais aussi l’Europe entière. Un choix d’une telle ampleur devrait faire l’objet d’un véritable débat national et parlementaire, et non être annoncé dans un discours, comme un simple effet de manche.

La dissuasion nucléaire n’est pas un jouet politique, c’est l’ultime garantie de la souveraineté d’un pays. Ce n’est pas un drapeau que l’on brandit à la légère pour se donner une stature internationale. Pourtant, Macron l’utilise comme un levier politique, sans réelle concertation, en décidant seul ce qui doit être fait.

Macron grandit-il après ce discours ?

La question mérite d’être posée. Sur la scène internationale, il marque des points. Face à un Joe Biden affaibli et un Donald Trump de retour, il s’impose comme un pilier de la défense européenne. En Ukraine, son soutien est apprécié, et les États-Unis voient en lui un allié stratégique.

Mais en France, c’est une autre histoire. Sa posture martiale inquiète plus qu’elle ne rassure. L’opposition dénonce un président va-t-en-guerre, totalement déconnecté des préoccupations des Français. Ce discours, censé montrer sa force, pourrait au contraire renforcer son isolement, tant il apparaît de plus en plus coupé des réalités nationales.

Derrière l’image du stratège, il y a un risque majeur : celui de la solitude du pouvoir. Un président qui ne consulte plus, qui ne débat plus, qui impose sans contradicteur ni garde-fou, c’est un président qui s’expose à des erreurs stratégiques aux conséquences lourdes.

De Jupiter à Bonaparte ?

Macron aime se voir en Jupiter, au-dessus de la mêlée. Mais son évolution récente le rapproche davantage d’un Bonaparte en quête de légitimité par la guerre. L’histoire a montré que ces postures autoritaires peuvent fonctionner un temps, mais finissent toujours par atteindre leurs limites.

La vraie question est donc la suivante : jusqu’où ira-t-il dans cette logique ? La guerre – ou du moins la menace de guerre – devient un levier de pouvoir, une justification pour un exécutif toujours plus fort, toujours plus solitaire.

Un pouvoir fort peut être efficace. Mais un pouvoir sans garde-fou, sans contradiction, et sans débat réel ? C’est une pente dangereuse. Et dans cette pente, Macron n’a jamais été aussi seul.

Mots clés : #Politique #Défense #Dissuasion_nucléaire #Ukraine #Union_Européenne

Retrouvez également ce billet sur le blog le colonel.net

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