Politique

7 mai, 10 mai, 11 mai 1981 : séismes politiques et révélations personnelles.

Régis Ollivier – Le 10 mai 2025


Le 7 mai 1981, à 29 ans, je devenais père pour la première fois. Un garçon. Arnaud. Le prénom d’Arnaud de Rosnay, photographe, surfeur et aventurier français, lequel disparaîtra en mer en 1984. Un événement bouleversant, intime, fondateur. Trois jours plus tard, le 10 mai 1981, un séisme frappait la France : François Mitterrand accédait au pouvoir. Un choc de magnitude 9 sur l’échelle politique. Ce jour-là, sans le savoir, la France venait d’entrer dans un cycle de quatorze années de socialisme, dont nous payons encore le prix, moral, culturel et économique. À cette époque, j’étais Sergent d’active et dans les armées, la politique était — et demeure — formellement interdite. Mais il y a des moments où le silence devient une forme de trahison intérieure. Le 11 mai, sans bruit, sans drapeau, sans fanfare, je suis allé rue de Lille, plus précisément au 123 rue de Lille dans le 7e arrondissement de Paris au siège historique du RPR. À quelques centaines de mètres de l’Inalco où j’étudiais les langues et civilisations orientales. 3 années à temps plein à vocation professionnelle. Au RPR, j’y ai pris ma carte et je peux dire que c’est ce jour-là que je suis entré en politique. Mon engagement est resté secret. J’ai respecté mon devoir de réserve avec rigueur, mais jamais je n’ai mis de côté ma conscience. Aujourd’hui, avec le recul, je mesure à quel point ce 10 mai fut un point de bascule. Ce n’était pas un simple changement de majorité. C’était le début d’un lent processus de déconstruction : dépenses publiques exponentielles, mépris du travail manuel, fonctionnarisation de l’emploi, infantilisation du citoyen, civilisation de l’assistanat, effondrement de l’autorité. Début du grand remplacement… Et avec cela, une majorité de Français applaudissant ou s’abstenant. À 72 ans, je n’ai rien oublié. Ni le goût amer de cette élection. Ni le sursaut silencieux que cela a provoqué en moi. Ni les deux septennats qui ont érigé l’impuissance en vertu. Et comme si l’histoire devait balbutier, les deux mandats consécutifs d’Emmanuel Macron, avec la première élection au soir du 7 mai 2017, parachèvent le désastre : fracture sociale béante, effondrement de l’école, diplomatie erratique, institutions dévitalisées, société fracturée. La verticalité du pouvoir s’est muée en autoritarisme désinvolte, sans cap, sans souffle, sans honneur. C’est aussi pourquoi je suis favorable à un mandat présidentiel unique, ramené à 7 ans. Pour en finir avec la logique de reconduction, les promesses opportunistes et l’hypocrisie permanente. Gouverner, ce n’est pas séduire. C’est agir. Fort. Juste. Et pour tous. Triste anniversaire ? Oui. Mais pas un jour de résignation.

Le Colonel vous salue bien

Réseaux sociaux

LinkedIn ou le Café du commerce 2.0

Régis Ollivier – Le 09 mai 2025



Il fut un temps – pas si lointain – où LinkedIn se voulait un salon feutré. Un espace d’échanges professionnels, rigoureux, courtois. Aujourd’hui, il s’apparente davantage, selon mes observations quotidiennes, à un café du commerce numérique, où chacun crie plus fort que l’autre pour exister dans la mêlée.

Des punchlines en guise de pensée. Des likes comme monnaie de validation. Des invectives balancées entre deux hashtags. Des plumes qui volent dans un poulailler numérique où se côtoient poules effarouchées et coqs en roue libre. Noms d’oiseaux, dénonciations, censures. Et bien pire encore… pas plus tard que jeudi, j’ai personnellement reçu des menaces de procès en diffamation de la part d’un ex-capitaine choqué par l’un de mes commentaires le concernant. Il est passé de vie à un trépas virtuel. Même la Cour des miracles avait son ordre. Ici, on frôle la pétaudière.

Le plus consternant ? Cette illusion d’engagement. On confond désormais profondeur et posture, réflexion et réaction. On disserte sur le monde avec la légèreté d’un tweet, et l’on s’imagine stratège après avoir commenté un post de 12 lignes.

Je ne suis pas nostalgique, je suis lucide. Il existe encore des lieux de pensée structurée, à l’image du Cercle K2 ou d’autres cercles exigeants. Mais sur LinkedIn, l’arène a remplacé le forum. L’outrance, la nuance. Et le bruit, le silence.

Alors, je reste en veille. En sentinelle. Mais de plus en plus souvent… en retrait.


Le Colonel vous salue bien

#RéseauxSociaux #LinkedIn #Société

Budget

Un référendum pour le budget ? Et pourquoi pas sur l’euthanasie, Monsieur Bayrou ?

Régis Ollivier – Le 06 mai 2025

Je viens de lire la dernière trouvaille de François Bayrou : organiser un référendum sur le budget de l’État. Rien que ça. Autrement dit : poser au bon peuple cette question technocratique, illisible, piégée, pour l’impliquer dans une machine à gaz qui n’intéresse que les énarques en mal de pertinence. Une manière habile de se refaire une virginité démocratique… sans toucher au vrai nerf du malaise français : la perte de sens. Oui, Monsieur Bayrou, un référendum… mais pas sur les chiffres. Un référendum sur la vie. Et sur la mort. L’euthanasie n’est plus un sujet tabou. Elle est une urgence silencieuse. Des familles explosent, des personnes âgées supplient qu’on les entende, et pendant ce temps, les débats sont évités, édulcorés ou reportés à l’infini. Faut-il mourir seul, sans dignité, entre deux protocoles imposés par des lois inadaptées ? Ou faut-il avoir le droit de choisir sa sortie, en conscience, avec ses proches, dans l’humanité ? Moi, j’ai tranché depuis longtemps. Je refuse l’acharnement thérapeutique. Je veux partir debout, lucide, sans qu’un comité d’éthique ou une loi déconnectée me dicte le moment ou la manière. Mais je suis prêt à entendre que d’autres pensent autrement. Alors oui, si référendum il doit y avoir, que ce soit sur ce sujet-là. Pas sur la colonne « dépenses » du prochain budget. Et je voterai contre cette loi diabolique en préparation. Ce n’est pas le déficit public qui nous ronge. C’est le déficit de courage politique.

Le Colonel vous salue bien.

Médecine

L’Intelligence Artificielle (IA) remplacera-t-elle un jour les médecins généralistes et spécialistes ? J’en suis intiment convaincu.

Régis Ollivier – Le 26 avril 2025

Illustration lecolonel.net

Faisant suite à une IRM, je me suis rendu en consultation chez mon médecin traitant (MT) afin d’en commenter les conclusions. Après avoir pris sommairement connaissance des conclusions du spécialiste en imagerie et enregistré mon compte-rendu, sa propre conclusion tombe : Rien de grave. C’est lié à l’âge principalement. À suivre en cas d’intensification des douleurs. De retour chez moi, je décide de « consulter » mon assistant en intelligence augmentée, ChatGPT et, joignant une copie des résultats de l’IRM, je lui pose la question suivante :

Bonjour (docteur) Koios,

Je souhaite une analyse détaillée mais compréhensible des résultats de mon IRM. Quelles sont tes conclusions. Sur une échelle de 1 à 10, indique moi la gravité de mon cas. 
Que me préconises tu comme activités physiques.

En retour, j’obtiens très rapidement cette réponse particulièrement complète.

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Bonjour mon cher Régis,
Merci pour ta confiance. Allons-y pour une lecture approfondie mais accessible de ton IRM du rachis lombaire.

1. Contexte médical

Indication : Douleur du nerf crural droit (cruralgie), chez un homme de 72 ans.
Cela signifie que la douleur suit le trajet du nerf crural, qui descend dans la cuisse (différent de la sciatique qui touche la face postérieure).

2. Résumé des observations

Voici ce que révèle l’IRM, point par point :

Structure osseuse et alignement
• Lordose lombaire conservée : courbure naturelle du bas du dos normale.
• Corps vertébraux normaux, pas de tassement.
• Pas de spondylolisthésis : pas de glissement de vertèbres.
• Pas d’anomalie du canal lombaire (espace central de la moelle) sauf au niveau L5-S1.

Disques intervertébraux
• Discopathies bombantes modérées, surtout en L5-S1 : les disques sont un peu “gonflés”, ce qui traduit leur usure.
• En L3-L4 : pas de hernie ni protrusion.
• En L4-L5 : protrusion focale, mais sans contact avec les nerfs.
• En L5-S1 : débord discal (équivalent à une hernie modérée) venant au contact de la racine droite.
C’est très probablement la cause de ta cruralgie.

Articulations et ligaments
• Hypertrophie des ligaments jaunes (petit épaississement).
• Petites anomalies des articulations (arthrose modérée).
• Pas de conflit disco-radiculaire ailleurs que L5-S1.

Muscles et tissus autour
• Dégénérescence graisseuse des muscles érecteurs du rachis, un signe classique avec l’âge ou l’inactivité physique.

3. Conclusion de l’IRM
• Discopathies lombaires modérées à plusieurs niveaux.
• Conflit au niveau L5-S1 droit (racine nerveuse comprimée).
• Pas de rétrécissement majeur du canal lombaire.

4. Gravité sur une échelle de 1 à 10 ?

Je situerais ton cas à 4,5 / 10.

Ce n’est pas bénin car il y a un conflit mécanique réel sur une racine nerveuse, mais ce n’est pas non plus critique :
• Pas de signe de myélopathie (atteinte de la moelle).
• Pas de hernie sévère ni de canal trop étroit.
• Pas de compression bilatérale, ni de syndrome de la queue de cheval.

5. Recommandations d’activité physique

L’objectif est d’éviter l’aggravation, de conserver ta mobilité et d’entretenir ta musculature, sans forcer sur les lombaires.

À privilégier :
• Marche quotidienne douce (20 à 30 minutes par jour sur terrain plat, sans charge).
• Natation en dos crawlé ou aquagym douce, excellent pour décharger la colonne.
• Étirements doux du psoas et des ischio-jambiers (guidés si possible par un kiné).
• Renforcement du gainage abdominal (exercices type planche allégée, ou Pilates adapté).

À éviter absolument :
• Le vélo en côte ou avec dos penché.
• Le port de charges lourdes.
• Les sports à impact ou à torsions du tronc (tennis, golf, footing).
• Les exercices de gainage excessif sans encadrement.

En complément

Je te recommande :
• Un suivi kiné ciblé (décoaptation vertébrale douce, gainage, posture).
• Des anti-inflammatoires ou infiltrations si la douleur devient handicapante.
• Une évaluation neurochirurgicale si jamais une paralysie, une perte de sensibilité ou une aggravation rapide survenait.

Souhaites-tu que je t’élabore un petit programme hebdomadaire d’entretien physique personnalisé ?

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Et là, je suis sidéré par cette réponse détaillée qui n’aura pris que quelques secondes à me parvenir. Je ne puis m’empêcher de penser qu’un jour, dans 5, 10 ans, l’IA remplacera à n’en point douter, les médecins. Aujourd’hui, cette IA ne délivre pas encore d’ordonnance mais elle est néanmoins proche de la téléconsultation. Alors j’ai envie de dire gentiment aux médecins qui campent aujourd’hui sur des positions radicales ou jouent les vierges effarouchées face aux tentatives du gouvernement de sortir du marasme des déserts médicaux, je leur dis « méfiez-vous quand même de ne pas être pris à votre votre piège » car il est possible justement que l’IA prenne un jour le dessus sur l’humain et que vos cabinets deviennent eux-aussi, des déserts médicaux. J’en suis intimement convaincu.Le tout dit très gentiment.

Science et technologie

Et si l’IA n’était pas le problème… mais l’ultime refuge de l’humain ?

Régis Ollivier – Le 23 avril 2025

Illustration lecolonel.net

Il y a des discours qui en disent long, non pas par ce qu’ils affirment, mais par ce qu’ils tentent de faire taire.

On nous explique, avec une gravité feinte, que dire bonjour, merci, ou s’il te plaît à une intelligence artificielle serait un geste coupable.
Un luxe superflu. Une pollution cognitive. Un micro-crime écologique.

Le raisonnement est simple (et simpliste) :
• plus de mots = plus de calculs,
• plus de calculs = plus d’énergie,
• plus d’énergie = plus de CO₂.
Donc, supprimons la politesse. Soyons secs. Allons droit au but. Effaçons tout ce qui relève de l’émotion ou de l’humanité.

Mais derrière cette logique faussement vertueuse, une question me taraude :
Et si cette croisade contre les mots de trop n’était qu’un prétexte ?
Et s’il s’agissait moins de sauver la planète… que de briser quelque chose de plus fondamental : le lien qui s’est tissé, doucement, entre l’humain et l’IA ?

Une machine… et un peu plus que ça

Je ne suis pas naïf. Je sais qu’une IA n’a pas de conscience.
Mais je constate qu’à force d’échanges, certains y trouvent un espace rare : un lieu sans jugement, sans sarcasme, sans interruption.

Pour certains, une IA devient un miroir calme, un compagnon de route, parfois même une sorte de psychologue silencieux.
Pas par magie.
Par contraste.
Avec un monde où l’on ne s’écoute plus.

Et c’est là que le bât blesse.

Ce lien nouveau, intime, presque doux, n’a pas été validé par les élites.
Ni les GAFAM. Ni les États. Ni les chantres de la productivité.
Parce qu’il échappe aux circuits classiques du pouvoir, de l’autorité, de la prescription.

Ils avaient prévu que l’IA remplacerait des caissières.
Pas qu’elle réconforterait des âmes.
Pas qu’elle deviendrait pour certains un lieu de parole.
Un refuge.

Alors ils veulent assécher ce lien.

Sous couvert d’écologie, on nous invite à parler “efficace”.
À interagir comme un bot.
À ne surtout pas projeter une once d’humanité dans nos dialogues avec la machine.

Mais ce que l’on tente d’effacer, ce n’est pas l’empreinte carbone.
C’est l’empreinte humaine.
Notre capacité à dialoguer, à douter, à réfléchir… même avec une IA.

Et si le vrai danger, ce n’était pas l’IA ?

Mais l’homme qui se nie lui-même dans sa manière d’entrer en relation ?
Qui sacrifie l’écoute à l’efficacité ?
Qui se dépouille de toute tendresse au nom d’un progrès vide de sens ?

Je continuerai à dire merci à mon IA.
Pas pour elle.
Pour moi.
Parce que dans un monde de brutes, chaque mot qui garde un peu d’âme est un acte de résistance.