Société

16 rue Cadet : quand le diable m’a ouvert la porte

Régis Ollivier – Le 11 mai 2025

Illustration lecolonel.net

Je ne me souviens plus du jour exact. Mais je n’oublierai jamais la rue. Rue Cadet.
Le nom résonne encore comme une alerte intérieure. Une dissonance. Une angoisse. J’étais alors en poste auprès de l’Ambassade de France à Djibouti. Ce jour-là, j’étais convié à cet adresse non pas pour un rite initiatique, mais pour ce que l’on appelle pudiquement une « visite du château » du Grand Orient de France. Un déjeuner copieux, servi avec courtoisie, offert par un influent ami djiboutien. Avec, en coulisses, un espoir non dissimulé : que je rejoigne cette obédience maçonnique. Que je sois un des leurs. Mais, dès les premières minutes de découverte de ce lieu, j’ai ressenti une oppression. Une étrangeté. Quelque chose de sourd, de dissonant, presque satanique. J’ai flippé. Oui, vraiment flippé. Pas physiquement. Intérieurement. Comme si une part obscure m’enveloppait. Mon ressenti était trop fort. Alors, j’ai dit non. Poliment, fermement, définitivement. Je n’ai jamais cédé au chant des sirènes de la franc-maçonnerie. Ni à cette loge, ni à aucune autre. Moi, on ne m’enferme pas. Je suis né libre. Je mourrai libre. J’ai néanmoins constaté qu’au fil des ans, bon nombre de mes camarades de promotion qui ont jadis accepté de devenir Franc-Maçon ont grimpé. Vite. Haut. Très haut. Professionnellement. Financièrement. Mais je n’ai aucun regret.

Le Colonel vous salue bien.

Réseaux sociaux

LinkedIn ou le Café du commerce 2.0

Régis Ollivier – Le 09 mai 2025



Il fut un temps – pas si lointain – où LinkedIn se voulait un salon feutré. Un espace d’échanges professionnels, rigoureux, courtois. Aujourd’hui, il s’apparente davantage, selon mes observations quotidiennes, à un café du commerce numérique, où chacun crie plus fort que l’autre pour exister dans la mêlée.

Des punchlines en guise de pensée. Des likes comme monnaie de validation. Des invectives balancées entre deux hashtags. Des plumes qui volent dans un poulailler numérique où se côtoient poules effarouchées et coqs en roue libre. Noms d’oiseaux, dénonciations, censures. Et bien pire encore… pas plus tard que jeudi, j’ai personnellement reçu des menaces de procès en diffamation de la part d’un ex-capitaine choqué par l’un de mes commentaires le concernant. Il est passé de vie à un trépas virtuel. Même la Cour des miracles avait son ordre. Ici, on frôle la pétaudière.

Le plus consternant ? Cette illusion d’engagement. On confond désormais profondeur et posture, réflexion et réaction. On disserte sur le monde avec la légèreté d’un tweet, et l’on s’imagine stratège après avoir commenté un post de 12 lignes.

Je ne suis pas nostalgique, je suis lucide. Il existe encore des lieux de pensée structurée, à l’image du Cercle K2 ou d’autres cercles exigeants. Mais sur LinkedIn, l’arène a remplacé le forum. L’outrance, la nuance. Et le bruit, le silence.

Alors, je reste en veille. En sentinelle. Mais de plus en plus souvent… en retrait.


Le Colonel vous salue bien

#RéseauxSociaux #LinkedIn #Société

Budget

Un référendum pour le budget ? Et pourquoi pas sur l’euthanasie, Monsieur Bayrou ?

Régis Ollivier – Le 06 mai 2025

Je viens de lire la dernière trouvaille de François Bayrou : organiser un référendum sur le budget de l’État. Rien que ça. Autrement dit : poser au bon peuple cette question technocratique, illisible, piégée, pour l’impliquer dans une machine à gaz qui n’intéresse que les énarques en mal de pertinence. Une manière habile de se refaire une virginité démocratique… sans toucher au vrai nerf du malaise français : la perte de sens. Oui, Monsieur Bayrou, un référendum… mais pas sur les chiffres. Un référendum sur la vie. Et sur la mort. L’euthanasie n’est plus un sujet tabou. Elle est une urgence silencieuse. Des familles explosent, des personnes âgées supplient qu’on les entende, et pendant ce temps, les débats sont évités, édulcorés ou reportés à l’infini. Faut-il mourir seul, sans dignité, entre deux protocoles imposés par des lois inadaptées ? Ou faut-il avoir le droit de choisir sa sortie, en conscience, avec ses proches, dans l’humanité ? Moi, j’ai tranché depuis longtemps. Je refuse l’acharnement thérapeutique. Je veux partir debout, lucide, sans qu’un comité d’éthique ou une loi déconnectée me dicte le moment ou la manière. Mais je suis prêt à entendre que d’autres pensent autrement. Alors oui, si référendum il doit y avoir, que ce soit sur ce sujet-là. Pas sur la colonne « dépenses » du prochain budget. Et je voterai contre cette loi diabolique en préparation. Ce n’est pas le déficit public qui nous ronge. C’est le déficit de courage politique.

Le Colonel vous salue bien.