Régis Ollivier – Le 19 novembre 2025

Les propos attribués au général Fabien Mandon « La France doit accepter de perdre ses enfants » constituent un basculement très préoccupant de la communication de défense française. Ce n’est ni un simple dérapage, ni une phrase malheureuse.
C’est un signal. Et un signal dangereux. Voici pourquoi.
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Une faute stratégique majeure : on ne prépare pas la Nation à la guerre en annonçant ses morts
Les mots d’un CEMA ne sont jamais neutres.
Ils ne s’adressent pas seulement à un auditoire présent (ici, les maires), mais à la Nation, aux partenaires, et surtout… aux adversaires potentiels.
Un chef militaire ne peut pas évoquer :
- une échéance (“3 ou 4 ans”),
- une confrontation annoncée (la Russie),
- et encore moins la perspective de perdre des enfants français.
Une telle formulation :
– détruit la confiance
L’opinion n’entend plus un message de résilience : elle entend un message de panique.
– affaiblit la posture de dissuasion
La dissuasion repose sur la certitude que la France ne se laissera jamais mettre au pied du mur.
Pas sur l’idée qu’elle se prépare déjà à perdre.
– compromet le moral national
En démocratie, le soutien de la population est un centre de gravité stratégique.
Le fragiliser, c’est fragiliser la défense elle-même.
La préparation militaire est une chose.
La suggestion publique de sacrifices humains en est une autre.
Et les deux ne doivent jamais être confondues.
Une faute politique : la militarisation de la communication gouvernementale
Le timing, le lieu et la nature du discours interrogent.
Qu’un CEMA :
- emploie les éléments de langage d’un exécutif en difficulté,
- parle de sacrifices à venir,
- dramatise le contexte international,
- et le fasse devant des élus locaux…
… relève moins d’une analyse militaire que d’un acte de communication politique.
Or, l’Armée française repose sur un principe intangible :
La séparation stricte des rôles entre le politique (qui décide) et le militaire (qui met en œuvre).
En faisant prononcer au CEMA des phrases qui relèvent de la narration politique,
on instrumentalise une institution qui doit rester au-dessus de la mêlée.
C’est dangereux parce que :
- cela brouille les responsabilités,
- cela expose l’armée aux polémiques,
- cela fragilise la confiance entre les citoyens et leurs forces armées,
- cela transforme un chef militaire en porte-voix gouvernemental.
C’est précisément ce qu’un CEMA doit éviter à tout prix.
Une faute institutionnelle : le CEMA n’est pas un prophète d’apocalypse
Un Chef d’état-major des armées :
- rassure,
- explique,
- clarifie,
- prépare,
- mais ne dramatise jamais la situation devant les élus de la République.
Son rôle :
Protéger.
Pas préparer l’opinion à accepter l’inacceptable.
Parler de morts à venir comme d’une donnée nécessaire relève :
- soit d’une maladresse totalement impropre à la fonction,
- soit d’une stratégie de communication délibérée pour “habituer” la population,
- dans les deux cas, c’est inacceptable.
L’armée française n’est pas une machine sacrificielle.
Elle est un outil de souveraineté au service de la Nation, pas un instrument de résignation collective.
Et l’idée qu’un CEMA prépare “psychologiquement” les Français à un conflit frontal avec la Russie dans quelques années est :
irresponsable, contraire à la doctrine française, et surtout dangereux.
Car dans un contexte nucléaire, ce discours frôle l’absurdité stratégique.
Conclusion : Une ligne rouge a été franchie
Les propos du général Mandon :
- inquiètent
- divisent
- brouillent la doctrine
- affaiblissent la cohésion nationale
- servent involontairement les narratifs adverses
- et donnent une image de fébrilité stratégique
Les mots ont un poids, surtout venant d’un CEMA.
Et celui-ci pèse lourd. Beaucoup trop lourd.
Ce n’est pas un discours de chef militaire.
C’est un discours qui affaiblit la Nation.
Et cela, c’est inadmissible.
Un CEMA ne devrait pas dire ça…
Le Colonel vous salue bien
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La guerre Ukraine-Russie n’est pas notre guerre. Nous en sommes même un peu responsable en ayant foulé aux pieds les accords de Minsk, probablement sous l’influence voir les pressions des USA. Notre armée n’a rien à faire en Ukraine, la Russie ne nous menace pas, c’est les gouvernements de l’UE qui menacent sans motif la Russie. Si notre armée va en Ukraine elle est traître à notre pays LA FRANCE.
Une folie! des pilotes d’avion français en Ukraine, inacceptable! https://qactus.fr/2025/11/18/france-la-france-a-autorise-macron-a-envoyer-des-pilotes-en-ukraine/
Parfaitement en accord avec cette analyse, mais ce n’est pas une «faute stratégique majeure » , c’est pire…
Car ces paroles de Mandon, inexcusables, sont prononcées en réalité pour nous intimider.
Mandon et son maître Macron ont reçu l’ordre d’intimider la population française.
Macron et Mandon sont au service de la Bundeswehr d’Ursula Von Der Leyen. Ils sont tous les deux des collaborateurs au sens de la collaboration des années 1940-1945.
L’Allemagne réunifiée se réarme en sous-main. Depuis son livre blanc de 2008, la Bundeswehr a pour objectif les médias, les moyens de propagande, radio, télévision, plus soft et plus puissants que les chars d’assauts sur le terrain : « la victoire sur le libre arbitre de l’adversaire » ( livre blanc de la Bundeswehr 2008).
La campagne russophobe délirante que nous subissons en France dans nos médias, en est actuellement une manifestation quotidienne.
Une certaine Allemagne va-t-en-guerre veut sa revanche sur la Russie, voisine qui l’a vaincue en 1945. Et Macron , depuis la signature du traité militaire d’Aix la Chapelle de 2019 , à l’évidence rédigé par les allemands, participe à « l’effort allemand ».
Nous français, connaissons la musique…
L’oppression allemande a eu pour signature des monuments aux morts dans chaque village de France.
Ne l’oublions JAMAIS.
C’est aux allemands de changer d’attitude : le bellicisme anti russe actuel , forcené, n’est pas acceptable. Il est la résurgence du fascisme des années 1930.
À la différence que maintenant le moindre dérapage nucléaire est notre fin à tous.
Il est urgent de raisonner nos voisins allemands, et dans leur propre intérêt.
Vive la France et vive la paix.
J’étais ahuri en entendant les propos du CEMA. Il outrepasse sa fonction et crée un climat délétère. En fait, il sert la communication présidentielle actuelle. E Macron est acculé et agite la possibilité d’une guerre pour rehausser sa position.
Votre article sur les propos du CEMA met très bien en valeur cela. Bravo
Oui Regis, les propos attribués au général Fabien Mandon, chef d’état-major des armées, notamment la phrase « La France doit accepter de perdre ses enfants », ont suscité une vive controverse, décrite comme une triple faute, stratégique, politique et institutionnelle.Une faute stratégique est soulignée dans le fait que préparer la Nation à la guerre ne peut passer publiquement par l’annonce explicite de pertes humaines. Pour un CEMA, ses mots ont un poids majeur qui influence non seulement l’opinion intérieure mais aussi les partenaires et adversaires potentiels. Annoncer la perspective de morts à venir fragilise la confiance nationale, affaiblit la posture de dissuasion en suggérant une forme de résignation, et compromet le moral collectif, élément clé dans une démocratie. Ainsi, la communication d’un message public dramatique sur les sacrifices humains possibles, hors cadre strictement militaire, est vue comme une erreur majeure car elle suscite la panique plutôt que la résilience, compromet la cohésion nationale, et brouille la doctrine stratégique. Politiquement, cette communication est critiquée pour sa militarisation excessive, où le CEMA semble incarner un porte-voix politique du gouvernement ( surtout du PR) plutôt que de respecter la ligne de séparation entre le politique (qui décide) et le militaire (qui exécute). Le discours de Mandon devant des élus locaux contient des éléments de langage typiques d’un exécutif en difficulté, dramatisant un contexte international à des fins communicationnelles, ce qui est perçu comme un acte politique plus que militaire. Cette confusion des rôles fragilise la confiance des citoyens dans l’armée, expose l’institution aux polémiques et brouille les responsabilités entre politique et armée.Institutionnellement, le CEMA n’a pas vocation à jouer un rôle de prophète apocalyptique. Son rôle est de protéger, rassurer, expliquer et préparer sans dramatiser. Parler publiquement de morts inévitables est soit une maladresse grave, soit une stratégie controversée visant à « habituer » la population à des sacrifices, ce qui s’oppose à la doctrine française de défense, surtout dans un contexte nucléaire où une telle rhétorique est jugée absurde et dangereuse. L’armée doit rester un outil de souveraineté, non un organe de résignation collective .Enfin, certains commentaires plus critiques attachent ces propos à des dynamiques géopolitiques plus larges, évoquant un alignement stratégique français sur une posture allemande belliciste, ce qui renforce la division et les inquiétudes sur la cohésion nationale et la stratégie de défense européenne, avec des références historiques à la collaboration et aux tensions franco-allemandes Donc pour moi je vous rejoins Regis, votre analyse confirme que les propos de Fabien Mandon constituent un basculement préoccupant, mêlant erreurs stratégiques, instrumentalisations politiques et ruptures institutionnelles, qui affaiblissent la posture militaire française, minent la cohésion de la Nation et brouillent la doctrine de dissuasion .Cette critique est je pense largement partagée dans la sphère spécialisée, où l’on insiste sur la nécessité d’un discours militaire mesuré et responsable, gardant clair le rôle du CEMA et préservant le moral et la confiance nationale face aux enjeux de sécurité actuels et futurs.